Selon la police

« Un matin, un flic de terrain usé jusqu’à la corde brûle sa carte de police et disparaît sans prévenir »
J’ai rencontré Frédéric Videau avant qu’il ne fasse A moi seule, son précèdent long métrage, et j’avais beaucoup aimé la rencontre ; je sentais quelqu’un de très investi (quasi au sens religieux du terme) de cinéma ; fervent.

Nous avions aussi parlé de littérature, de la vie…
C’est le genre de moments dont on se souvient ; qui résonnent.
Bref quelqu’un avec qui on aurait envie de passer un peu de temps et de vivre une aventure commune.

Céline Bozon et Frédéric Videau
Céline Bozon et Frédéric Videau

Un jour Fred m’a dit : « Je fais du cinéma pour retrouver la surprise, l’allégresse de la surprise. »
Et cette allégresse, c’est la matière vivante et mouvante du film : les acteurs.
Je viens de donner des cours à des élèves d’une école de cinéma et quelque chose m’est apparu très fort.
Quand on apprend, on croit tout contrôler, et que tout est affaire de volonté.
Quand on a de l’expérience, on travaille pour la surprise et on croit (sait ?) que tout est affaire de désir et d’inspiration du moment.
La surprise d’un visage. D’une manière de bouger, de se mouvoir.

Jacques Brel :
« Bien sûr il y a les guerres d’Irlande
Et les peuplades sans musique

Bien sûr il y a nos défaites
Et puis la mort qui est tout au bout. »

Bien sûr il y a le découpage
Bien sûr il y a le travail
Bien sûr il y a l’espace, la lumière.

Tournage de nuit - De gauche à droite : Léa Gaillard, 3<sup class="typo_exposants">e</sup> assistante caméra, Pierre Michaud, Alice Rebetez, 2<sup class="typo_exposants">e</sup> assistante caméra, derrière Céline Bozon, Renaud Epelboin et au fond, François Méreu, chef opérateur du son <br class='manualbr' />Photo Maxime Beaufey
Tournage de nuit
De gauche à droite : Léa Gaillard, 3e assistante caméra, Pierre Michaud, Alice Rebetez, 2e assistante caméra, derrière Céline Bozon, Renaud Epelboin et au fond, François Méreu, chef opérateur du son
Photo Maxime Beaufey
Sofia Lesaffre - Photogramme
Sofia Lesaffre
Photogramme

Mais je me rends compte que la vraie excitation n’arrive qu’au moment où l’acteur/ actrice prend sa place dans le plan, dans la scène.
Mon œil ne s’éveille que lorsqu’un visage investit une lumière que J’ai construite.
C’est seulement à ce moment-là, que l’on comprend ce qu’on a fait ou au contraire, ce qu’on aurait dû… On ne sait pas ce qu’on cherche et c’est là où le mystère intervient et c’est là où l’on ne sait pas ce que l’on fait, et c’est là qu’est la surprise, la joie ou la déception…

Emilie Monier et Céline Bozon, AFC - Sur le tournage de <i>Selon la police</i>, de Frédéric Videau
Emilie Monier et Céline Bozon, AFC
Sur le tournage de Selon la police, de Frédéric Videau

Fréderic Videau m’est quelqu’un de très familier dans sa manière d’écrire le cinéma, de concevoir les plans. Il y a chez lui une forme de classicisme "fordien" que je comprends et qui me nourrit. Les discussions étaient fluides ; l’enjeu étant surtout d’avoir le temps de faire les choses et Reno Epelboin, le premier assistant qui le connait depuis 20 ans, a été d’une grande aide là-dessus.

Selon la police est un scénario écrit au cordeau, d’une grande précision. C’est comme une musique, tout en découle.
Ou quand la précision appelle la précision… du coup le découpage était lui aussi extrêmement précis.
Nous avons choisi les décors suffisamment tôt pour pouvoir faire des séances de découpage dans l’espace. Puis tous les matins nous réquisitionnions le découpage que Frédéric nous soumettait.

Photogramme

Un jour Fred m’a dit : « Comment tu vas faire pour dégainer ton flingue en même temps ? » J’étais dans la voiture traveling et on fabriquait la pelure qu’on allait projeter en studio pour le moment de l’arrestation sous la pluie. Je devais panoter et en même temps allumer le gyrophare et le poser devant la caméra.

Il y avait une vraie joie de la fabrication sur ce film et un réel amour de l’artifice.

Ce qui est beau dans le film, c’est qu’il n’y pas de hiérarchie entre les personnages principaux, les second rôles, troisièmes rôles, figurants…, tout le monde est regardé, "honoré", pourrait on dire, à l’ancienne.

Photogramme

Frédéric Videau dans le dossier de presse :

Zineb est un personnage qui semble particulièrement important pour vous…
« Elle appartient à la classe des "dominés" : elle est femme, jeune, arabe, née en cité… et je filme les "dominés" depuis toujours.
C’est peut-être là l’origine de mon désir de cinéma : donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. Je ne dis pas que mes personnages ont tort ou raison, je leur donne la parole, c’est mon boulot de cinéaste tel que je le conçois.
Parce que je suis moi-même fils d’ouvrier, que j’appartiens par la naissance et l’éducation à la classe ouvrière ? Peut-être. Une chose est sûre : je ne trahirai jamais ma classe sociale d’origine. Ces flics de rue sont des filles et des fils de pauvres. J’ai envie de les regarder. Y compris les plus ambivalents, Tristan, son plus jeune collègue (Mathieu Lucci) ou Drago (Alban Lenoir). J’aime mes personnages, profondément, même quand je suis en désaccord total avec eux. »

Bande annonce officielle du film


https://youtu.be/5UZgpu4qK5o

Équipe

Merci à ma magnifique équipe image, "les fidèles"
Première assistante caméra : Emilie Monier
Seconde assistante caméra : Alice Rebetez
Chef électricien : Pierre Michaud
Electriciens : Marco Beaurepaire, Margaux Rivera
Chef machiniste : Gaston Grandin
Machiniste : Maxime Boisbeaux

Technique

Matériel caméra, lumière, machinerie : TSF Caméra (Sony Venice et série Leitz Thalia), TSF Lumière, TSF Grip
Laboratoire : M141

synopsis

Un matin, un flic de terrain usé jusqu’à la corde, que tous dans son commissariat appellent Ping-Pong, brûle sa carte de police et disparaît sans prévenir. Durant un jour et une nuit, ses collègues le cherchent, le croisent et le perdent dans Toulouse et sa banlieue. Mais chaque heure qui passe rapproche un peu plus Ping-Pong de son destin.