Sony s’engage dans la bataille pour le HDR

Par François Reumont pour l’AFC

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Très actif dans le domaine de la capture des images, notamment avec sa ligne de caméra CineAlta ou ses boîtiers photos A7, Sony s’intéresse désormais à la restitution des images à haute gamme dynamique (HDR) générées par ces derniers. Richard Lewis, de Sony Angleterre, et Pablo Garcia, DIT basé à Londres – ayant travaillé sur plusieurs séries TV comme "Mr Sloane" ou "Fleming" –, sont venus dire tout le bien qu’ils pensaient du nouveau moniteur HDR Oled BVMX 300.
Pablo Garcia et Richard Lewis - Photo AFC
Pablo Garcia et Richard Lewis
Photo AFC

« D’abord », explique Richard Lewis, « il faut bien se rendre compte du fossé qui existe entre la captation et la restitution d’images en salles ou sur écran TV. En effet, si presque toutes les caméras de cinéma numérique actuelles sont capables de capturer des images à très haute gamme dynamique (avec des écarts de luminosité allant jusqu’à 14 diaphs pour la F65 ou 12 diaphs sur l ’A7s en mode Slog), on est pour le moment incapables dans la majeure partie des cas de reproduire cette plage très large de luminosité en salles. Et c’est à ce problème auquel Sony a décidé de s’attaquer. »
La solution passe donc par des dispositifs de diffusion HDR, que ce soit via des moniteurs lors des étapes de tournage ou de postproduction, en salles avec de nouvelles gammes de projecteurs, et bien sûr à la maison avec les modèles de TV grand public HDR qui devraient arriver envahir le marché d’ici cinq ans.

« L’énorme avantage de travailler avec des moniteurs HDR », explique Pablo Garcia, « c’est qu’on n’a plus besoin de LUTs pour faire rentrer littéralement une image HDR dans un dispositif d’affichage qui ne l’est pas. Que ce soit en contraste (une salle de cinéma actuelle ou un moniteur non HDR ne reproduit qu’une amplitude de 6 diaphs entre les noirs et les blancs), ou en couleur (s’appuyant sur l’espace colorimétrique Rec 2020, bien plus large que le Rec709 datant de l’époque des tubes cathodiques), le coloriste affiche directement l’image issue de la caméra et la visualise sans post traitement. »
Cette démarche peut sembler pour le moment encore un peu prématurée, tant les moyens de diffusion des images peinent à évoluer en France en TV , mais selon Richard Lewis, « on est vraiment à l’aube d’un changement radical dans ce domaine via la commercialisation naissante des téléviseurs HDR dans le grand public ». Ce dernier ajoute : « Le HDR ne sera pas qu’un moyen de regarder des nouveaux programmes, mais également de redécouvrir tous les films classiques tournés sur support HDR de l’époque – la pellicule film – qui n’ont jusqu’alors jamais été exploités dans l’intégralité de leur gamme dynamique. »

Quant aux critiques de certains qui reprochent aux images HDR leur côté trop "réalistes" et leur rendu un peu trop "vidéo", Pablo Garcia répond que rien n’oblige un opérateur ou un réalisateur à exploiter en permanence l’intégralité de la gamme HDR sur son film. On peut très bien se limiter volontairement pour certaines séquences dans la gamme lumineuse et chromatique, et faire exploser au contraire la lumière à un autre moment... C’est juste une question de dosage, un outil en plus au service de la narration. » Reste surtout à mettre les différents acteurs du marché d’accord sur un nouveau standard pour le HDR, notamment en terme d’espace couleur. Une question qui fait actuellement débat...

Parmi les premiers films masterisés et diffusés en HDR, on peut citer la série "Marco Polo", de Netflix, produite par Weinstein et A la poursuite de demain, avec George Clooney, produit par Disney (projeté aux USA dans le circuit des salles Dolby Vision, les seules actuellement équipées pour diffuser du HDR).

  • Plus d’information en téléchargeant le document Sony :
    infos HDR_X300_Version_anglaise