Un peuple et son roi

Un peuple et son roi nous fait ressentir comment des hommes et des femmes du peuple ont vécu les trois premières années de la Révolution française, assistant activement aux débats politiques de l’Assemblée, participant aux évènements historiques et libérant la parole politique au sein du foyer et du lieu de travail.

Un an et demi avant le premier jour de tournage, Pierre Schoeller a organisé régulièrement des réunions de préparation avec tous les chefs de poste pour exprimer ses attentes et ses interrogations et pour que chacun puisse faire le point sur ses avancées, ses recherches, ses propositions et ses solutions par rapport aux nombreux problèmes que posait un tel projet : les lieux historiques parisiens pour la plupart disparus ou inutilisables, le besoin de nombreux figurants, l’interdiction d’allumer des bougies dans les bâtiments publics, l’évolution des décors au cours d’une histoire qui commence en 1789 et finit en 1793, la présence quotidienne de nombreux comédiens célèbres, de nombreuses séquences où ses comédiens travaillent du verre en fusion, plusieurs scènes chantées etc.

Anaïs Romand, aux costumes, et Thierry François, aux décors, ont fait un travail extraordinaire et ont été des partenaires exceptionnels dans la construction visuelle de ce film. Pour ma part, de nombreux défis m’ont concerné du fait que Pierre avait la volonté de se laisser le maximum d’espace de liberté et d’improvisation et de tourner majoritairement à deux caméras. D’autre part, de nombreux décors étaient composés de l’association de divers lieux souvent très éloignés les uns des autres mais présentant des raccords directs par les portes ouvertes ou les fenêtres.

Enfin, certaines séquences demandaient des trucages numériques impliquant des contraintes à la prise de vues (trucages effectués chez BUF et supervisés par Geoffrey Niquet avec lequel j’avais déjà travaillé sur Bird People).
Toutes les séquences de nuit (extérieures ou intérieures) ont été éclairées à la bougie et/ou à la torche pour se rapprocher le plus possible des ambiances nocturnes de l’époque. Je me suis seulement autorisé le rajout de quelques barrettes de LED uniquement pour relever légèrement des parties du décor afin d’éviter "l’effet grotte" de certains intérieurs. Pour les séquences nuit au château de Versailles ou dans les autres bâtiments publics, où il nous était interdit d’allumer des bougies, mon chef électro, Christophe Duroyaume, et l’équipe déco ont fabriqué des bougies dont les mèches étaient remplacées par des LEDs alimentées par piles. Puis, j’ai filmé sur fond noir diverses flammes de bougies en faisant varier leurs mouvements. Enfin BUF a remplacé en postproductions les LEDs par les flammes.
Les intérieurs jour ont nécessité de grosses installations extérieures au décor, en évitant le plus possible de rattrapage à l’intérieur. Pour le décor gigantesque de la salle du manège, j’ai utilisé un SoftSun de 100 kW monté sur une grande nacelle à une distance de 20 m de la façade du bâtiment afin de n’avoir qu’une direction de lumière et de pouvoir filmer à deux caméras à 360° sans voir ni pied ni projecteurs.
Dans ces conditions de basse lumière ou de forts contre-jours, l’Arri Alexa Mini (en RAW) a été un précieux outil par sa douceur et sa matière. Après divers essais filmés préparatoires, nous avons décidé avec Karim El Katari (étalonneur chez Eclair) de traiter les rushes en ACES afin d’intégrer plus facilement un "look" éventuellement associé à divers modules modifiant certains aspects de la débayerisation. Ainsi, un "look" a pu être élaboré grâce à Florine Bel ("color scientist") offrant un premier équilibre des couleurs et du contraste très satisfaisant en accord avec la débayerisation et cassant l’effet trop contemporain de l’ACES. Dès l’étalonnage des rushes, Karim, Florine et Emmanuel Leridant (étalonneur des rushes) ont affiné ce "look" en fonction de mes indications et des images reçues. Et lors de l’étalonnage définitif, j’ai pu récupérer l’étalonnage des rushes comme base de travail déjà très avancée. Des traitements sur le signal ont été appliqués dans certains cas pour corriger certaines aberrations chromatiques ou optiques que faisait apparaître la débayerisation : par exemple, des liserés magenta autour des flammes de bougies. Florine mettait alors au point des modules (formules mathématiques altérant le traitement du signal) pour corriger ces défauts et ces modules étaient intégrés au fur et à mesure au sein de l’étalonnage. Karim El Katari et le laboratoire Eclair ont été extrêmement précieux tout au long du processus de fabrication, et très réactif dans leurs échanges avec BUF.

Ce film a vraiment bénéficié de l’enthousiasme et du talent de tous les intervenants, entretenu par l’énergie infatigable et communicative de Pierre Schoeller. D’autre part, le fait de filmer autant de grands acteurs et actrices incarnant les personnages de cette histoire, nous a fait vivre de grands moments d’émotion collective. Pour la plupart d’entre nous cette aventure a été exceptionnelle.

Bande-annonce officielle

Dans le portfolio ci-dessous, quelques photogrammes issus du film.

Équipe

1er assistant opérateur : Raphaël André
Chef électricien : Christophe Duroyaume
Chef machiniste : Edwin Broyer
Cadreur 2e caméra : Jean-Christophe Beauvallet

Technique

Matériel caméra, lumière, machinerie : TSF Caméra (Arri Alexa Mini, Arri Raw, série Cooke S4, zooms Angénieux Optimo), TSF Lumière, TSF Grip
Laboratoire : Eclair
Étalonneur : Karim El Katari
VFX : BUF sous la direction de Geoffrey Niquet