Une grande sensibilité à la lumière

Par Pascal Marti, AFC

par Pascal Marti La Lettre AFC n°236

Hôtel de France a été tourné en 1987, entre La Chair de l’orchidée et L’Homme blessé. Patrice Chéreau venait de créer une école d’acteurs au Théâtre des Amandiers dont il était le directeur.

L’intérêt et la particularité d’Hôtel de France ont été de mélanger le théâtre et le cinéma. C’est une pièce de Tchékhov, Ce fou de Platonov, avec un thème cher à Patrice, la passion et un amour qui se retrouve, ou pas. Ce n’est pas une pièce filmée mais un film.
Nous avons tourné avec les acteurs de son école dans laquelle il y avait Vincent Pérez, Valeria Bruni Tedeschi, Marianne Denicourt et quelques acteurs plus âgés. Patrice avait une grande sensibilité à la lumière, il savait exactement de quoi il avait envie. Il suffit de voir ses films, de voir le travail des opérateurs qui ont travaillé avec lui pour se rendre compte de son attachement à cette qualité-là et combien la lumière est un personnage du récit. Ses pièces de théâtre en témoignent également.

Patrice Chéreau transmettait son énergie et on ne pouvait pas ne pas y adhérer. C’était un homme de passion, dévoré de passion pour le récit. C’était très beau, cette passion absolue pour son art. Il était en création perpétuelle, en immersion dans le propos, dans le projet. Il prenait ce qu’il y avait à y prendre et avait l’autorité du talent, naturellement. Il avait une grande sensibilité aux autres et nous parlait beaucoup de ses films, de ses expériences au théâtre, pour les partager. Cela créait énormément d’émulation. Il avait une vraie boulimie du travail ! Mais qu’on ne subissait pas, qu’on partageait car nous avions envie de l’accompagner. J’ai beaucoup appris sur sa direction d’acteurs, sur les gens de théâtre aussi qui sont différents des gens du cinéma, notamment à cause de leur humilité.