Roger Fellous

Voilà que tu es parti...

par Jean-Jacques Bouhon

La Lettre AFC n°152

Roger,

Voilà que tu es parti, discrètement, au début de ce mois de février.

Voilà que je me sens mal d’avoir remis plusieurs fois d’aller te voir. La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était au téléphone et je t’avais dit mon désir de te rendre visite. Je me sens aujourd’hui comme un fils prodigue qui n’aurait pas assuré la fin de l’histoire...

Car, pour moi, tu étais un peu mon " père de cinéma ".

Lors de ta nomination et de celle de Maurice comme membre d’honneur de notre association, j’avais écrit dans notre Lettre que ce que j’avais appris de toi c’était surtout les rapports humains sur un plateau. Et voilà que de ton dernier plateau j’étais absent.
J’avais oublié une autre chose très importante que j’ai comprise auprès de toi : c’est en leur confiant des responsabilités de plus en plus importantes, en leur accordant pleinement confiance, que l’on pousse ses collaborateurs à s’épanouir et ensuite à voler de leurs propres ailes - preuve d’une vraie générosité. Et je n’oublierai jamais qu’un soir tu m’as confié à moi, jeune assistant, le " prelight " d’une scène de nuit dans un jardin, oh ! bien sûr, en me guidant par quelques indications, mais en ajoutant : « Et puis, tu trouveras bien quelque chose d’original en plus ! »

Avant de travailler avec toi, je m’étais longtemps fourvoyé sur les sentiers de l’assistanat à la réalisation. Tu m’as ouvert la route de l’image.

Je ne ferai pas de grandes phrases. Je suis très triste, mais heureux que tu ne souffres plus.

Et, depuis que je vole de mes propres ailes, il ne s’est pas passé une semaine sans que je pense à toi - des images fugitives, parfois, mais très présentes. Ton départ n’y changera rien, bien au contraire.

Roger, je t’embrasse.

Et j’embrasse aussi très fort Agathe et Julie, tes deux anges espiègles.

P-S J’espère que tu as emmené tes magnifiques chaussures rouges. Avec elles, tu devrais faire un tabac au paradis des opérateurs.

Roger Fellous (accroupi à gauche), l'équipe de 7/7, Anne Sinclair et Hylary Clinton à la Maison Blanche
Roger Fellous (accroupi à gauche), l’équipe de 7/7, Anne Sinclair et Hylary Clinton à la Maison Blanche