Roger et Maurice Fellous, vus par Georges Lautner

La Lettre AFC n°140

[ English ] [ français ]

« Roger Fellous, il a accepté de faire la photo de mon premier film. Je croyais " savoir " après mes années d’assistanat, heureusement, il m’a appris à avoir raison.
Mon deuxième film, il a refusé de le faire. Ou il ne croyait pas en moi, ou il avait un autre boulot plus intéressant.
Il m’a présenté son frère Maurice - à sa place - j’ai marché, pourquoi ? Le " charme Fellous " et j’ai eu raison, j’aime Maurice depuis longtemps et je l’aime encore. C’est un type formidable. A l’époque, ou grâce à la nouvelle vague qui paraît bien vieille aujourd’hui, on cassait la suprématie totale du chef opérateur (je savais ce que c’était, j’avais été assistant avec de grands chefs) et je rêvais d’utiliser une partie du temps qui leur était consacré à la mise en scène.
Maurice, c’était son premier film, moi, le second. Toute mon équipe était faite de débutants et on a joué le même jeu.
Mais Maurice, bien que se pliant à mes directives (temps de tournage court, efficacité immédiate) a toujours cherché à perfectionner son image. Nous avons été complices tous les deux. Toute l’équipe savait que notre force, c’était une certaine qualité en un minimum de temps.
J’ai une admiration totale pour Maurice, il inventait avec son frère des objectifs, des lentilles (et avec Angénieux). Toujours la recherche de la perfection grâce au système démerde.
Et en même temps, dans le temps que je lui laissais, il était à la recherche de l’étrange, de l’inattendu, bref, de la qualité inventive à bon marché.
Je lui dois beaucoup, je n’ose pas dire tout.
Ma réussite est une réussite collective. Celle d’une équipe. »