Présenté en ouverture d’Un Certain Regard, le nouveau film du réalisateur islandais Rúnar Rúnarsson parle de deuil, et de mensonges. La jeune comédienne et chanteuse islandaise Elin Hall y compose un personnage tout en ambiguïté, partagé entre sa douleur d’avoir perdu son homme, et l’impossibilité de le révéler aux autres... C’est la directrice de la photographie suédoise Sophia Olsson qui a mis en image ce film, presque entièrement tourné dans la capitale islandaise et dont certains lieux emblématiques évoqueront sans doute des choses aux amoureux de cette ville un peu hors du temps. (FR)
Après plus de dix ans d’absence, le cinéaste du Parrain et d’Apocalypse Now revient avec un projet extrêmement personnel dans lequel il a investi une partie non négligeable de sa fortune. C’est Megalopolis, une fable destinée aux jeunes générations qui ré-interprète les textes classiques de la Rome antique dans le contexte d’une ville futuriste qui fait parfois penser à celle de Batman. Un film familial également avec un grand nombre de rôles principaux qui fait la part belle aux décors et aux effets spéciaux pour plonger le spectateur dans cette ambiance d’anticipation. C’est le directeur de la photographie d’origine roumaine Mihai Malaimare Jr., ASC, qui met en image le film, un fidèle collaborateur du cinéaste depuis presque vingt ans. Le film est en Compétition officielle pour la 77e Palme d’or. (FR)
Avec The Girl with the Needle (La Jeune femme à l’aiguille), le cinéaste suédois Magnus von Horn (qui a fait ses étude à Łódź et vit à Varsovie) se lance dans une évocation cruelle de la misère dans le Danemark des années 1920. Ce conte effrayant en noir et blanc évoque par certains aspects et personnages (la scène du cirque notamment) le Elephant Man, de David Lynch (photographié en 1980 par le grand chef opérateur et réalisateur Freddie Francis, BSC). C’est Michał Dymek, PSC, le jeune directeur de la photographie polonais (remarqué avec EO, en compétition en 2022) qui est derrière la caméra.... Il nous parle du noir et blanc, de l’authenticité relative, et des imprévus sur un plateau qui peuvent parfois se transformer en atouts pour le film... (FR)
C’est pas moi est un autoportrait de Leos Carax composé de séquences récentes, d’extraits de ses films, d’archives photographiques personnelles et publiques, d’images trouvées sur la toile, de titres et de textes. Il y a donc un paradoxe à ce que l’image me soit attribuée, je le prends comme une reconnaissance de notre lien autour des images, de ses films précédents, de celles tournées pour ce moyen métrage de 40 minutes et peut-être aussi du souci à intégrer une image venant d’ailleurs à un ici de cinéma. (CC)
Le film en stop-motion Sauvages était présenté en Séance spéciale au festival de Cannes. Second film du réalisateur Claude Barras, césarisé en 2017 pour Ma vie de courgette, Sauvages raconte les aventures dans la forêt de Bornéo de Keria, une jeune adolescente, accompagnée de son cousin Selai et de Oshi, un bébé orang-outan. Proposant un regard doux sur l’adolescence, les liens familiaux et l’ouverture à l’autre, le film est également engagé contre la déforestation des forêts tropicales par l’industrie de l’huile de palme. Profitant de cette sélection, le chef opérateur Simon Filliot nous raconte les spécificités d’un tournage en stop-motion et les défis qu’il a du relever pour ce tournage. Sauvages sera présenté à nouveau à Cannes tous les jours jusqu’à mardi, et sera également en compétition officielle au festival du film d’animation d’Annecy, avant de sortir dans les salles françaises le 16 octobre. (MC)
2055 : le youtubeur Steevy Shady retrace pour ses followers la passion tourmentée entre Mimi Madamour, starlette née d’un télé-crochet type Nouvelle Star, et Billie, rockeuse punk qui se produit en club lesbien, du début des années 2000 à 2015, puis 2055. De l’ascension fulgurante à la disgrâce de l’une puis de l’autre, cette comédie musicale étincelante convoque les références pop clinquantes et mélange les époques et les régimes d’images de manière jouissive, pour peindre, sous ses dehors de parodie, une histoire d’amour des plus politiques. (HdR)
Vingt Dieux, premier film de long métrage de Louise Courvoisier, issue de la première promotion de la CinéFabrique, est en sélection à Un Certain Regard. À Cannes en 2019, la Cinéfondation avait récompensé la réalisatrice en décernant le Premier Prix à son court métrage Mano a mano. C’est le directeur de la photographie Elio Balézeaux, lui aussi sorti de la CinéFabrique, en 2019 – et depuis chef opérateur de documentaires tel que Madame Hoffman, de Sébastien Lifshitz –, qui a mis Vingt Dieux en images, il évoque dans le texte ci-après leur travail en commun sur le film, également première fiction de long métrage pour lui aussi.
Parcouru à la fois par le cinéma expérimental, le documentaire et le récit fantastique, Mi bestia, de Camila Beltrán, propose le portrait d’une jeune fille au sortir de l’enfance dans le Bogotá des années 1990. Sylvain Verdet signe les images de ce premier long métrage original, après avoir déjà tourné Pacifico Obscuro, un court de la même réalisatrice, il y a quatre ans. Mi Bestia est en sélection à l’ACID.
Après plusieurs documentaires sur le génocide cambodgien, le cinéaste Rithy Panh a décidé de se lancer dans une fiction recréant l’histoire authentique des journalistes ayant décroché l’unique interview du leader Khmers Rouges en 1978... Une œuvre ambitieuse qui mêle à la fois des scènes portées par un casting prestigieux, plans de coupe provenant d’images d’archives et longs travelings sur maquettes enfantines qui peuvent faire penser au style de Michel Gondry. Le résultat est un film étrange où la naïveté se mêle à la reconstitution historique et où les personnages semblent parfois sur une autre planète. C’est Aymerick Pilarski, AFC, qui s’est chargé de filmer cette œuvre à part présentée dans la sélection officielle Cannes Première. (FR)
Proposant une vision hors des sentiers battus de la capitale taïwanaise, Locust, de Keff, est aussi un film politique, doublé d’un portrait très sensible d’un jeune délinquant muet qui s’enfonce irrémédiablement dans le mensonge. Un mélange entre le cinéma de Edward Yang et un thriller brutal dont certaines scènes évoquent le Scarface de Brian De Palma. Pour mettre en image ce premier film, le jeune réalisateur taïwanais a fait appel au directeur de la photo danois Nadim Carlsen, DFF, dont le travail avait déjà été remarqué sur la Croisette (notamment avec le Holy Spider, de Ali Abbasi en 2022, pour lequel la comédienne iranienne Zar Amir Ebrahimi avait remporté le trophée de la meilleure interprétation féminine). Locust est sélectionné en compétition à la Semaine de la Critique 2024. (FR)
Josée et moi avons une "petite histoire", comme elle s’amuse à me le rappeler, puisqu’elle a fait partie du jury qui a validé mon diplôme à La Fémis. Elle a suivi mes premiers travaux de directrice de la photographie les années suivantes et nous voila en rendez-vous téléphonique, onze années plus tard, elle en tournage à Londres, moi à Paris, pour parler de sa collaboration auprès de Thierry de Peretti. (LB)
Auteure, réalisatrice et photographe, Agathe Riedinger, diplômée de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD), réalise deux courts métrages avant de se lancer dans la fabrication de son premier long métrage, Diamant brut. Elle y interroge les mêmes thématiques que dans ses courts métrages : dénoncer le trop plein de code pour exister en tant que femme et aborder ainsi la question de l’émancipation féminine. C’est Noé Bach, AFC, qui accompagne la jeune réalisatrice pour mettre en image ce récit ultra moderne. Il propose une contemporanéité exaltante de cadre et de texture qui accompagnent minutieusement le scénario. Diamant brut est l’unique premier film sélectionné en Compétition officielle au Festival de Cannes 2024. (BB)
Raconter un moment de la vie d’une femme passé la cinquantaine, Sophie Fillières l’a fait avec humour et délicatesse en filmant Agnès Jaoui qui incarne Barberie Bichette dans Ma vie, ma gueule. C’est sa fidèle collaboratrice, Emmanuelle Collinot, qui signe l’image du dernier film de la réalisatrice, décédée quelques semaines après la fin du tournage. Le pitch du film "comment faire avec soi-même, avec la mort, avec la vie en somme…" résonne particulièrement pour Ma vie, ma gueule, qui ouvre la Quinzaine des Cinéastes 2024. (BB)
Pour son premier long métrage de fiction, le réalisateur Jonathan Millet propose une plongée plus vraie que nature dans la traque contemporaine d’un criminel de guerre syrien. Un film qui parle d’espions malgré eux, mais surtout une galerie de personnages aux regards abîmés par l’exil et par les atrocités de la guerre. C’est le directeur de la photographie belge Olivier Boonjing, SBC (déja interviewé il y a trois ans avec Rien à foutre, de Emmanuel Marre et Julie Lecoustre, également à la Semaine de la Critique) qui est derrière la caméra pour mettre en image ce thriller entre Strasbourg et le Moyen-Orient. Ce film est présenté en séance d’ouverture et également un sérieux prétendant pour la Caméra d’or. (FR)
Lors de la première édition des Prix AFC, récompensant l’excellence du travail de direction de la photographie et dont la cérémonie de remise des trophées a eu lieu le mercredi 7 février 2024, dans le cadre du 24e Micro Salon, c’est Yves Cape, AFC, qui a remporté le prix de la Meilleure photographie pour un long métrage de fiction, avec Sundown, de Michel Franco. Dans ce long entretien publié en deux parties, Caroline Champetier, AFC, questionne Yves Cape sur cette collaboration fidèle (six films à ce jour) et originale avec le réalisateur mexicain Michel Franco.
"True Love" est une des séries présentées en avant première à Lille dans le cadre du Panorama international. Co-créé par la comédienne et scénariste Charlie Covell ("The End of the Fucking World", sur Netflix) et Iain Weatherby, elle traite de l’euthanasie avec à la fois un suspens et un humour tranchant so British. A la tête de ce projet, la comédienne Lindsay Duncan donne une interprétation pleine de vie et très touchante aux côtés de ses quatre autres partenaires, tous septuagénaires. C’est le directeur de la photographie Alistair Little qui signe les images des trois premiers épisodes sur six, réalisés par Chloë Wicks, venue du court métrage, dont c’est la deuxième participation à une série après "Flatshare" pour la plateforme Paramount Plus. "True Love" a été produit pour la chaîne britannique Channel 4. (FR)
Alain Tasma (plus de trente ans de productions TV à son actif) s’est lancé dans l’adaptation de deux romans historiques de Juliette Benzoni (Marie des intrigues et Marie des passions). Une transposition moderne et féminine du début de règne de Louis XIII, soit quelques années avant la célèbre saga d’Alexandre Dumas... On y retrouve notamment la reine Anne d’Autriche et on y découvre surtout sa meilleure amie Marie de Rohan-Montbazon. Porté par la fraîcheur et l’audace d’un jeune casting international avec à sa tête la pétillante Kelly Depeault, cette série France Télévision est en compétition française à Séries Mania 2024. La directrice de la photographie belge Virginie Saint-Martin, SBC, en signe les images.
Avec "Dans l’ombre", le réalisateur Pierre Schoeller (Exercice de l’Etat, Un peuple et son roi...) adapte le livre éponyme de l’ex-premier ministre Edouard Philippe et de son conseiller d’alors, Gilles Boyer. Cette série de six épisodes produite pour France Télévision plonge dès les premières images le spectateur au cœur d’une primaire de la droite française. C’est le directeur de la photographie Jacques Girault qui en a signé les images. Il vient nous parler des enjeux d’un tel projet, et de cette première collaboration avec ce réalisateur expérimenté dans le domaine du film politique... (FR)