Blueberry, l’expérience secrète

L’aventure Blueberry a débuté il y a cinq ans.
En tournage au Mexique pour une publicité, Jan et moi avions, à l’époque, commencé les repérages. Ce film a été une expérience incroyable... à tout point de vue... physique, humain, professionnel...

Déjà l’endroit, d’une beauté sauvage, nous a fait plonger dans une ambiance unique et rare. Nous étions, pendant trois mois, au nord du Mexique : Chihuahua, Durango, le Canyon de la Barranca del Cobre... D’où mon inspiration des productions du National Geographic et cette envie de restituer, le plus fidèlement possible, cet univers qui existe encore... celui des Indiens... Il fallait pour cela gagner en crédibilité, reproduire fidèlement les couleurs de la terre, de la peau des Indiens, le vert de la forêt tropicale et éviter l’aspect artificiel de la représentation d’un Western classique.
L’aspect visuel a été minutieusement préparé en collaboration avec le chef décorateur Michel Barthelemy et la chef costumière Chatounne. Nous avons défini ensemble les tonalités des couleurs à mettre en valeur pour composer une cohérence historique, esthétique et narrative dans l’image. A Almeria, en Espagne, nous avons tourné les séquences de Palomito, ville frontière de la fin du siècle dernier entièrement reconstituée dans le mythique décor d’Une poignée de dollars de Sergio Leone... Beaucoup des scènes dans la grotte ont été entièrement filmées au Studio d’Arpajon.

Dès le début, Jan et moi n’avions pas de doute : il fallait tourner en Super 35 pour des raisons pratiques, mais, la question cruciale, était toujours la finalisation du film. Nous ne voulions surtout pas faire ressentir l’emprise numérique dans l’image... Je sais, par expérience, combien il est difficile de mélanger le chimique au numérique qui était, pour ce film, indispensable, vu les effets spéciaux, le " matte-painting " et les images en 3D. Finalement le choix d’étalonnage en 2K (Lustre) s’est avéré juste pour obtenir, dans l’image, toutes les nuances d’un tableau. J’ai utilisé la pellicule Kodak 5248 pour les extérieurs et Kodak 500T 5279 pour le restant du film. Très souvent dans les scènes de nuit en extérieur, j’ai poussé d’un diaph la pellicule 5279 ainsi, avec l’étalonnage en Lustre, j’ai obtenu une texture de grain intéressante.
Les conditions de tournage de Blueberry ont été extrêmes : dans le désert nous devions tourner toute la journée, midi inclus. A cause de cette chaleur et de la poussière, j’ai d’ailleurs vite abandonné l’idée d’utiliser des HMI dans le désert... le sable très fin et la température qui dépassait parfois les 45 degrés provoquaient constamment des problèmes électriques... Le combat contre le sable était notre souci quotidien. Pour cela l’assistance de Panavision sur le tournage, a été d’une grande efficacité.
Malgré certaines difficultés, le tournage s’est terminé dans les délais prévus et j’en garderai un bon souvenir.

Technique

Pellicules : Kodak 5248 et 500T 5279
Matériel caméra : Panavision, Panaflex XR, Panaflex Millenium, Arri 435, Eyemo
Objectifs :
- Primo Close Focus & Classic, (14,5 - 17,5 - 21 - 27 et 35 mm)
- Pana Macro 50 et 100 mm
- Primo Macro Zoom 14,5-50 mm