Coluche, l’histoire d’un Mec

C’est ma première collaboration avec Antoine de Caunes et j’ai eu beaucoup de plaisir à éclairer son film. J’ai apprécié sa personnalité, sa manière de travailler toujours dans la bonne humeur (évidemment bien connue !) et sa passion tout simplement à faire des films.

Antoine désirait que ce film ressemble à un reportage tourné en 1980 avec comme sujet Coluche et les présidentielles de 1981. Il voulait suivre Coluche de très près, montrer ses amis, faire participer le spectateur aux fêtes légendaires, mais aussi le montrer seul chez lui et sur la scène du Gymnase. Surtout ne pas faire un biopic classique, mais en revanche plutôt évoquer des situations et des ambiances, montrer une tranche de vie. Le scénario très abouti de Diastème et d’Antoine était un petit bijou à lire.
A partir de ces souhaits, nous avons décidé de tourner le plus souvent à deux caméras à l’épaule. Ceci parce qu’il y a beaucoup de séquences avec beaucoup de monde, mais aussi pour pouvoir capter avec beaucoup spontanéité les plus petits détails, des expressions, des situations et des réactions qui pourraient servir à décrire le personnage et à raconter notre histoire.
Nous avons fait le travail du découpage avant le tournage, mais in situ. Une fois la mise en place terminée – surtout quand il y avait beaucoup d’acteurs – les choses ont pas mal évolué. Avec la précieuse collaboration de Berto nous avons affiné les déplacements et le découpage pour enfin définir l’ensemble des plans à faire.

Le travail du décorateur Alain Veissier a été évidemment très important (1980 !). Nous avons beaucoup discuté pendant la prépa. Il s’est inspiré des photos de l’époque et de Coluche en particulier (maison de Coluche à la rue Gazan, scène au Gymnase etc.), mais a rajouté sa propre vision et sensibilité en utilisant beaucoup de touches de couleurs vives, des peintures et des accessoires.
La lumière suivait la même idée : rester réaliste, invisible, au service de l’histoire.
Pour donner le sentiment que le film avait été tourné en 1980, je voulais décaler le look pour que le spectateur se sente " transposé " dans ces années. Je pense qu’une image trop colorée aurait été gênante. J’ai donc tourné entièrement avec la Kodak 5229 Ultra Latitude pour avoir une image douce et légèrement " granuleuse ". Pendant l’étalonnage numérique nous avons désaturé les couleurs. Mais pour quand même éviter que l’image ne devienne trop fade, nous avons en même temps poussé des couleurs sélectives comme les rouges des costumes ou des décors.
En plus nous avons " éteint "les blancs et avons " grisé " les noirs pour les rendre plus veloutés. Toujours dans l’idée de casser la trop bonne qualité de la pellicule et des objectifs d’aujourd’hui. Au final (en tous les cas pour moi !) l’image devient plus réaliste, avec l’odeur de cette époque.

Antoine et Michael Laguens avaient constitué un casting formidable d’environ 70 rôles et tous étaient justes et intéressants. Je pense que le formidable François-Xavier a été très bien entouré et pouvait, du coup, d’autant plus incarner le rôle de Coluche.

Un grand merci à mon équipe toute entière et en particulier à Berto, avec qui j’ai trouvé un cadreur complice formidable. A Rodolphe Lauga très précis et toujours de bonne humeur. Mes assistants Fabrice Bismuth avec Fanny Coustenoble ainsi qu’Olivier Fortin avec Benoit Pain qui ont du travailler très souvent à T2 (il ne faudrait pas je le sais bien !) sans oublier Isabelle Duquesnoy à la vidéo. Laurent Héritier, mon chef électro complice depuis 5 films et son équipe et Pierre Garnier, mon chef machino de talent avec ses équipes respectives.

Aussi un grand merci à TSF, Laurent Kleindienst et Frédéric André qui nous ont gâtés, Didier Diaz (Transpalux) qui était très investi et " last but not least " à Fabrice Blin (étalonnage numérique) avec qui j’ai maintenant fait mon 3e film et il n’y pas raison de ne pas enchaîner.

Technique

Matériel caméra : Arricam Systems de chez TSF
Objectifs : Cooke S4 + leightweight zoom Angénieux 15-40 mm et 28-76 mm T2.6
Pellicules : Kodak 5229
Pellicule positive : Kodak 2383
Laboratoire : GTC
Rushes vidéo : Karine Suquet
Etalonnage numérique sur Colorus : Fabrice Blin
Etalonnage argentique : Christophe Bousquet
Matériel lumière : Transpalux
Matériel machinerie : KGS