Denys Clerval, un homme délicat

Par Dominique Gentil, AFC
Homme délicat, ce sont les mots qui me viennent pour parler de toi, Denys Clerval.
Dans les années 1980, tu me téléphones pour me proposer de te remplacer pour un court métrage. J’accepte, honoré de ta confiance.

A la fin de notre conversation, tu me demandes si je peux intégrer dans l’équipe l’assistant qui a commencé la préparation du film, un jeune Chilien formé aux cours du soir de Louis-Lumière. L’assistant chilien, c’était Georges Lechaptois, devenu un ami, avec qui j’ai travaillé pendant des années.
Quelques années plus tard, en 1989, nous nous sommes retrouvés tous les trois sur le long métrage de Bernard Cohn, Natalia : Denys directeur de la photo, Georges assistant et moi au cadre.

Denys, tu as fait les images de films dont on se souvient, ils ont marqué une époque et nourri mes désirs de cinéma.
François Truffaut : Baisers volés (1968), La Sirène du Mississippi (1969) ; René Allio : Rude journée pour la reine (1973), Les Camisards (1970), La Vieille dame indigne (1965) ; Ruy Guerra : Erendira (1983) ; Alain Cuny : L’Annonce faite à Marie (1991), en collaboration avec Caroline Champetier.
On m’a rapporté que tu avais l’habitude, après la prise, alors que le plan était en boîte, de revenir muni de ta cellule pour mesurer la lumière, dans le doute de l’exposition du plan tourné… ce qui avait le don d’énerver Truffaut.
Cette anecdote te correspond tellement, toi homme de grand talent qui voulais donner avec discrétion et délicatesse le meilleur au service de la mise en scène. Cela valait bien une double mesure avec ta Spectra.

Denys, je t’associe à Armand Marco, qui vient de nous quitter : de la même génération, un engagement comparable. Tu es de ceux qui ont forgé la qualité et l’éthique de notre association. Tu étais fidèle aux rendez-vous de nos avant-premières. Tu alimentais souvent la Lettre de l’AFC d’informations érudites.