Disparition de Jimmy Glasberg, AFC, (1940-2023), un homme à la caméra

Contre-Champ AFC n°339

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Le directeur de la photographie Jimmy Glasberg, AFC, nous a quittés le 13 janvier 2023, dans sa quatre-vingt-troisième année. Héritier de ces pionniers, ces "hommes à la caméra" que l’on n’appelait pas encore "directeurs de la photographie", Jimmy Glasberg interrogea toute sa vie, par ses réflexions comme dans son travail, l’acte de filmer et ce qu’il appelait « le passage filial de l’image fixe à l’image animée. » Il nous laisse une filmographie riche par sa diversité et ses engagements.

Né à Nîmes le 22 mars 1940, Jimmy Glasberg appartenait à cette génération d’opérateurs formés dans les années 1960-70 à la grande époque des actualités, des reportages TV, du cinéma direct et du documentaire. Il s’était ainsi forgé non seulement une dextérité caméra à l’épaule ou “au poing” mais aussi une éthique quant à l’acte de filmer, revenant sans cesse à la source même de cet "homme à la caméra", c’est-à-dire Dziga Vertov.
Son père, photographe installé en Provence, lui transmit très tôt le goût de l’image fixe, puis, au début des années 1960, c’est Georges Méjat, célèbre caméraman d’actualités qui l’initie au maniement de la caméra et au travail de reportage sur le vif.
Tout au long de sa longue carrière, Jimmy Glasberg naviguera donc entre documentaires et fictions, cinéma et télévision, Pubs et films musicaux, explorant tous les registres d’une caméra en mouvement, attentive au rythme, jusque dans ses expériences nées du Manifeste PUM qui, à l’instar du Dogme95, fixe des règles strictes pour un filmage en plan séquence. S’il côtoya Henri Alekan, Jimmy admirait tout autant les grands documentaristes américains comme D. A. Pennebaker, Richard Leacock et Albert Maysles mais aussi le cinéma underground de Jonas Mekas.
Outre son travail reconnu de caméra "portée" permettant un travail de rythmique à l’image où l’"acte de filmer" était pour lui vital, celles et ceux qui l’auront côtoyé garderont de lui le souvenir d’une figure, d’un regard et d’une voix qui étaient le reflet, au sein de l’AFC comme ailleurs, de son humanité profonde. Jimmy était aussi capable de sympathiques “colères méridionales" lorsqu’un travail à la caméra ou à la lumière ne lui semblait pas en adéquation avec le sujet et, récemment encore, il s’enthousiasmait pour un documentaire consacré aux frères Kaufman (“Dziga and His Brothers") dont il voulait mieux faire connaitre le travail à la jeune génération.

Jimmy Glasberg et l’AFC
Avec comme parrains les directeurs de la photographie Pierre Lhomme, AFC, et Edmond Richard, AFC, Jimmy Glasberg était membre de l’AFC depuis le 6 avril 1991. Membre actif, il assistait régulièrement aux assemblées générales de l’association et aux réunions de CA, où son point de vue à la voix chaleureuse était toujours des plus apprécié.

Pierre Lhomme et Jimmy Glasberg au Micro Salon AFC, en 2004 - Photo Marc Salomon
Pierre Lhomme et Jimmy Glasberg au Micro Salon AFC, en 2004
Photo Marc Salomon


Entre autres activités, Jimmy avait participé à la rédaction de la Charte de l’image 2005 et il prit souvent sa plume pour alimenter le site Internet de l’AFC avec ses coups de cœur, ses hommages à ceux qu’il admirait et ses billets d’humeur.
Les directrices et directeurs de la photographie de l’AFC ont une pensée amicale pour sa famille et ses proches.

Témoignages et entretien en hommage à Jimmy Glasberg :