Essaye-moi

« Lorsque j’ai rencontré Pierre-François Martin-Laval (connu comme acteur sous le nom de Pef) pour son film, j’ai tout de suite été séduit par l’intérêt formel qu’il portait à son projet. Son envie d’image était sincère et, malgré un budget modeste et un temps de tournage relativement court (7 semaines), et la double casquette acteur et réalisateur, je sentais déjà qu’il ne voudrait rien lâcher sur l’esthétique de son premier long métrage. » (...)

Essaye-moi est une comédie sentimentale, écrite à la manière d’un conte moderne. Nous nous sommes mis d’accord avec Pef, sur des références picturales et cinématographiques : l’école du réalisme américain (Hopper, Peto, Fischl...), certains films de Tim Burton ou des comédies américaines des années 1950 nous ont servi comme premières références. Nous souhaitions un rendu réaliste (hyper réaliste même) mais pas naturaliste, comment dire ? Un peu « comme la vie... en mieux » pour résumer notre approche.

Nous avons tourné en décor naturel durant l’été 2005. Une zone pavillonnaire des Yvelines où se situait l’essentiel de nos extérieurs et intérieurs ; les repérages étaient précis et intentionnés. Pef fut vigilant sur tout ce qui serait à l’image, pointilleux sur chaque détail, et cela facilita mon travail - aussi bien au cadre, qu’à la lumière. La maison de Jacqueline (Julie Depardieu) a été totalement " customisée " par le chef décorateur Franck Schwartz avec des partis pris de couleurs très marqués. Je me rappelle entre autres un papier peint rouge qui " accrochait " très bien la lumière et donnait une belle profondeur et un joli contraste avec les peaux. Pareil pour les costumes d’Anne Schotte...

Pour transposer au mieux le film qu’il avait en tête, cet univers onirique à la fois crédible et décalé, burlesque et émouvant, il nous fallait concilier la comédie de situation (le film est truffé de gags) avec un certain glamour (le personnage de Julie par exemple devait apparaître autant comme une princesse de conte de fées que comme une employée dans un bureau de comptabilité de la vraie vie). Le défi filmique était de traduire sans verser dans la caricature, une vision idyllique et fantasmatique propre à l’enfance. Bref, tout ce qui faisait le charme et la veine du scénario original. L’exercice, pour tous (mise en scène, acteurs, techniciens), est sur un fil, passionnant et " casse-gueule " à la fois. Je vous laisse juge du résultat.

Essaye-moi produit par ARP Sélection (Michèle et Laurent Pétin) a été tourné en 35 mm, format 1,85:1.

Caméra Arricam, Objectifs Cooke S4 et Zoom Angénieux Optimo.

Fournisseur Bogard, aux bons soins d’Alain Gauthier.

Pellicule Kodak 5245 (50 Daylight) pour les extérieurs - la nouvelle 5201 de la gamme Vision2, étant encore indisponible au moment du tournage. Dans l’optique d’une image brillante et saturée, j’ai opté pour cette bonne vieille pellicule pour son rendu " Kodachrome ", sa finesse de grain, son contraste, et sa restitution clinquante des couleurs. Je l’ai " mariée " à la 5205 (250 Daylight Vision2) pour les intérieurs, avec des éclairages plutôt " contrastes ", pour pallier sa douceur intrinsèque (par rapport à la 45), et ainsi mieux la raccorder aux séquences extérieures. Pour les nuits (peu nombreuses) mon choix s’est porté sur la 5218 (500T).

Hormis une série neutre et un polarisant, je n’ai quasiment jamais filtré. Un Soft FX de temps à autre sur des portraits. C’est tout.

Le matériel d’éclairage venait de chez Transpalux. Pour l’essentiel : une combinaison de Dino Lights que je préfère au HMI pour les effets de soleil (filtré en 1/4 ou 1/2 CTB pour garder un peu de chaleur) et un jeu de Kino Flo pour l’ambiance.

Essaye-moi a été développé au laboratoire Eclair. L’étalonnage a été assuré par l’excellente Marjolaine Mispelaere. Le film a suivi le classique processus photochimique hormis pour les séquences truquées qui sont l’œuvre du département numérique d’Eclair qui a fait un très beau boulot. »

Technique