J’attends quelqu’un

Un film " sans lumière ".
J’attends quelqu’un est ma troisième collaboration avec Jerôme Bonnell sur un long métrage. Je crois qu’en plus du plaisir, nous commençons à avoir quelque complicité et intimité dans le travail !

Du coup on peut se permettre d’en dire le moins possible à l’avance, nous essayons de ne pas filmer de manière trop préconçue pour rester disponible à tous les éléments du tournage. Jérôme est un réalisateur qui aime utiliser le hasard, la surprise, les sentiments du moment pour laisser vivre ses personnages le plus possible dans l’espace et le temps que lui permet la camera. Cela veut donc dire une installation technique en conséquence, c’est-à-dire une lumière installée pour plusieurs axes à l’avance et un filmage en longs plans séquences. Malgré cela j’ai toujours avec Jérôme le sentiment de faire un travail rigoureux et précis. Nous essayons de faire coexister l’inspiration la plus spontanée avec la préparation technique la plus ouverte possible.

Le résultat de mes choix techniques au tournage doit être une sorte de " transparence ", non pas que les comédiens ne pourraient pas s’adapter à des impératifs techniques, sur J’attends quelqu’un les comédiens étaient tous formidables et parfaitement capables de jouer dans les contraintes du filmage. Je crois que cette " transparence " permet de regarder la scène sans intention aucune et transmet au spectateur cette bienveillante neutralité.
Pour mes choix de lumière, il en est allé de même. On devrait ne pas parler de la lumière ou de l’image en ayant vu ce film. Je voudrais qu’il n’y ait aucune " distance esthétique ", aucun filtre (je n’utilise d’ailleurs presque jamais de filtre autre que 85, 85B ou C, etc. sur ce film) entre les personnages et le spectateur, j’aimerais que la réalité de la scène s’impose d’elle-même, que le premier regard du spectateur se porte sur les visages des comédiens. Il faut bien sûr faire de la lumière, crue parfois mais jamais cruelle, accompagner l’émotion ou la beauté d’un moment mais surtout ne jamais l’annoncer ou le souligner ! Je m’aperçois maintenant que des nuances propres à chacun des personnages se sont glissées dans le film mais je crois que c’est notre inconscient (l’inconscient de tous, acteurs, déco, costumes, mise en scène, image) qui les a créées.

Je dois aussi parler du plaisir dans le travail sur ce film, c’est un élément qui caractérise bien l’atmosphère sur les films de Jérôme.
La postproduction s’est faite chez Arane et je tiens à signaler leur excellent accueil et leur engagement. C’était ma première collaboration avec eux et surtout avec Michel Zambelli, un étalonneur de talent avec qui j’ai aimé travailler.

Technique

Pellicules : Kodak 5217 et 5218
Loueur caméra, machinerie et lumière : TSF (Arriflex 535 et série Cooke S4)
Master vidéo : Mikros Image
Labo : Arane (système 35 mm 3 perforations)
Labo des copies de série : Eclair