Jean-Pierre Beauviala a accompagné ma vie de chef opérateur

Par Eric Gautier, AFC

par Eric Gautier La Lettre AFC n°297

Jean-Pierre a accompagné toute ma vie de chef opérateur, depuis la fin des années 1970 et ses entretiens passionnants aux Cahiers du Cinéma, puis avec sa caméra S16 mm pour les courts métrages et les documentaires, puis l’Aaton 35 mm, que j’ai utilisée sur presque tous mes films avant l’arrivée de la magnifique Penelope, qui reste ma caméra de prédilection.
Avec Valeria Bruni-Tedeschi sur le tournage de "Ceux qui m'aiment prendront le train", en 1998
Avec Valeria Bruni-Tedeschi sur le tournage de "Ceux qui m’aiment prendront le train", en 1998

J’ai rencontré Jean-Pierre en préparation de Ceux qui m’aiment prendront le train (Patrice Chéreau), c’est grâce à lui que j’ai pu faire tout ce film essentiellement à l’épaule, dans le train donc, avec des optiques Scope (la série E de Panavision) qui se montaient sur sa caméra. Mais il a fallu une visée qui désanamorphose l’image pour pouvoir cadrer. Il m’a fabriqué un prototype, ce qui lui a été difficile à réaliser techniquement.
C’est aussi grâce à son aide que j’ai tourné presque entièrement Into the Wild (Sean Penn) avec une Aaton 35 mm qu’il a envoyée de Grenoble. J’avais fait faire des sacs à dos pour toute l’équipe (y compris le réalisateur) dans lesquels étaient répartis tous les éléments de la caméra (magasins, zoom, batteries…) et que chacun portait pour l’ascension des monts en Alaska, mais aussi dans le Grand Canyon…

Avec Sean Penn, Edward Tise et Chris Reynolds sur le tournage de "Into the Wild", en 2007
Avec Sean Penn, Edward Tise et Chris Reynolds sur le tournage de "Into the Wild", en 2007

Et puis la Penelope est arrivée, avec ses deux formats 3perf/2perf, et que j’ai très souvent utilisée en caméra unique, car très silencieuse.
Jean-Pierre est venu régulièrement me voir sur mes tournages, avec son petit carnet en main. Il observait comment travaillait l’assistant, écoutait mes recommandations. Par exemple, mettre la batterie du coté droit de la caméra, quand il préparait la Penelope, alors qu’elle était très gênante dans le cou pour les plans caméra portée avec sa caméra précédente. Et d’insister pour la doubler, les charges électriques devenant de plus en plus énergivores avec l’œilleton chauffant, les commandes à distance, l’émetteur de signal vidéo, etc.
J’aurais adoré tourner avec sa caméra numérique…
Je t’embrasse bien fort Jean-Pierre…