L’éditorial de juillet-août 2022

Par Léo Hinstin, coprésident de l’AFC

par Léo Hinstin Contre-Champ AFC n°333

Tout change.

La désaffection du public pour l’expérience de la salle obscure agite et inquiète l’ensemble de la profession, notre modèle culturel et économique même est remis en question, cinéma d’auteur ou comédies populaires, personne n’y échappe. La fragilité de pans entiers de notre industrie est ainsi mise à nue brutalement tandis que d’autres bourgeonnent à foison.

Le vent du changement souffle maintenant brusque et violent. Il emporte les couvre-chefs trop longtemps portés et donne le tournis à ceux qui le regardent en face. Cela durera-t-il ? Nul ne le sait. Mutations profondes, sélection darwinienne, disparition de l’espèce, bien malin celui qui saura de quoi demain sera fait.

Rien ne change
Dans Le Guépard, de Visconti, adapté du roman de Lampedusa (et photographié par l’immense Giuseppe Rotunno, AIC, ASC), Don Fabrizio Salina, contemplant les vestiges de son monde et les bouleversements annoncés, disait : « Nous fûmes les Guépards, les lions, ceux qui les remplaceront seront les chacals, les hyènes, et tous, tant que nous sommes, guépards, lions, chacals ou brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre ». C’est, je crois, ce même vertige qui nous étreint aujourd’hui et qui continuera à étreindre ceux qui viendront après nous.

Pour ma part, je préfère rester optimiste, persuadé que le cinéma est et sera. Peu importent les formes nouvelles de narration, de fabrication ou de diffusion que notre métier prendra, il y aura toujours de nouveaux cinéastes pour s’en saisir brillamment, pour nous emporter et nous émouvoir… peut-être même dans l’obscurité d’une salle, espérons-le !

Les images illustrant cet éditorial sont des photogrammes issus du Guépard, de Luchino Visconti (1963), photographié par Giuseppe Rotunno.