L’éditorial de la Lettre d’octobre 2009

par Gérard de Battista, Caroline Champetier, Jacques Loiseleux, Robert Alazraki

La Lettre AFC n°191

A la fin de la projection des Tontons flingueurs organisée par L’AFC et Gaumont avec le soutien de Kodak pour le serveur 2K, quelqu’un a posé innocemment la question à Maurice Fellous, directeur de la photographie du film :
« - Monsieur Fellous, comment trouvez-vous l’image ?
- Les blancs sont trop blancs ! », a-t-il répondu, et tous de se rendre compte qu’il découvrait ce nouvel état du film. Et sa réduction de dynamique.

Mis courtoisement à la question, les techniciens d’Eclair responsables de cette numérisation se défendirent d’avoir travaillé à un étalonnage mais à une restauration du master vidéo basse définition de l’époque pour obtenir une version HD des Tontons flingueurs.
Gaumont commençant à organiser la rentabilité de son parc numérique, les films de répertoire appartenant à son catalogue sont un capital certain, c’est cet élément HD projeté en 2K que nous découvrons avec Maurice Fellous ce soir-là.
Au chapitre 6 de la Charte de l’image, on peut lire : l’AFC rappelle que le directeur de la photographie devra être consulté par les distributeurs, les diffuseurs et les laboratoires concernés pour contrôler la conformité des copies film, masters numériques, DVD ou autres avec la copie standard de référence...

Or, il semblait évident que ce Monsieur qui a signé l’image d’une centaine de films n’avait été contacté par personne pour, au minimum, visionner ce nouvel élément avant qu’il ne soit projeté devant ses pairs. Aucun d’entre nous présent ou absent ce soir-là ne peut plus se dire qu’il sera épargné.
Dans la conjoncture actuelle, qui devient plus défavorable encore à l’industrie qu’aux maîtres d’œuvre, il devient urgent que les outils de postproduction ne fonctionnent pas aux ordres seuls des productions qui, pour celles qui en ont l’expérience, savent qu’un directeur de la photographie peut aussi, à cette étape, faire gagner en temps, en précision et en qualité, la fabrication des différents supports issus de son travail photographique au côté d’un metteur en scène.

Nous pensons qu’il serait urgent et bénéfique pour les films de faire tomber les barrières qui empêchent la communication naturelle entre les créateurs de l’image et leurs partenaires, et nous souhaiterions vivement qu’une rencontre ait lieu autour de ces questions dans le courant du mois d’octobre.

(Gérard de Battista, Caroline Champetier, Jacques Loiseleux, Robert Alazraki)