Le Dernier coup de marteau

Le Dernier coup de marteau est la suite d’une collaboration commencée sur Angèle et Tony. Alix m’envoie très en amont une photo d’une plage sauvage comme un nouveau décor fascinant à explorer, à habiter.
Alix Delaporte et Claire Mathon sur le tournage du "Dernier coup de marteau" - Photo Jean-Claude Lother
Alix Delaporte et Claire Mathon sur le tournage du "Dernier coup de marteau"
Photo Jean-Claude Lother

Nous sommes allées de nombreuses fois en repérages en Camargue pour nous familiariser avec cette immensité, ces couleurs, pour chercher à traduire la fascination et le sentiment de liberté ressentis par Alix. La rencontre avec Romain (Victor, dans le film), le jeune interprète, a bien sûr été décisive. Dès les premiers essais filmés, son regard, sa présence, nous ont beaucoup portées.
Alix m’a aussi fait partager sa vision des répétitions d’orchestre, m’emmenant voir un chef d’orchestre au travail. J’ai appréhendé l’espace de l’auditorium et la musique comme le fait Victor dans le film, à son niveau. J’ai aussi eu la chance d’assister aux répétitions avec les comédiens principaux en amont du tournage.
Pendant la préparation, nous avons découvert les films d’Alexeï Guerman au Grand Action, une leçon marquante dans sa sobriété et sa force. Alix cherche beaucoup, réécrit jusqu’au dernier moment, reste concentrée à chaque scène sur l’enjeu, sur l’émotion.

Le 35 mm était un désir, une nécessité pour Alix dès le départ (Angèle et Tony déjà tourné en 35 mm). La production partage ce choix. Dès les premiers essais tournés sur la plage du film, la texture et le rendu des carnations nous enthousiasment. Le rendu des hautes lumières m’encouragera à laisser "claquer" le soleil. J’aime définitivement beaucoup la finesse et la richesse des couleurs en pellicule.
Nous avons eu beaucoup de plaisir à regarder, à capter les réactions de Romain incarnant Victor. A le voir grandir, changer au cours du tournage, rentrer avec plaisir dans la fabrication.

Nous avons poursuivi une idée déjà présente sur Angèle et Tony : que la caméra fasse corps avec Victor, cherchant une caméra encore plus libre et donc encore plus en mouvement, que le film épouse son rythme, ses déplacements, ses accélérations et ses hésitations.
Nous voulions un film solaire, que l’on sente le soleil, la chaleur, la beauté du milieu naturel dans lequel vit Victor. J’ai privilégié la lumière naturelle et n’ai éclairé les mobile homes en jour que par l’extérieur.
Alix souhaitait de la chaleur dans l’image. Nous avons donc majoritairement tourné les extérieurs en fin de journée, nous obligeant souvent à tricher les intérieurs pour les raccorder. La forte présence de la lumière extérieure (porte qui joue beaucoup, plafond non opaque) et notre limite dans la puissance des sources ne permettaient pas de dominer le soleil, ni de masquer les passages nuageux mais obligeaient à inventer avec la lumière naturelle.
La nuit, seuls les mobile homes sont éclairés, accentuant l’isolement de Victor et de sa mère.
Tournant au mois de septembre en Camargue, nous nous étions préparés à vivre avec les moustiques, nous avons surtout souffert du vent, qui obligeait à protéger systématiquement la caméra. Nous avons eu parfois recours à un peu de stabilisation en postproduction. Heureusement une courte accalmie nous a permis de tourner le plan de grue où Victor est ramené par son père en voiture.
En contraste, les espaces dans l’auditorium sont plus hétéroclites : colorés, contrastes, jouant des mélanges de couleurs et des zones d’ombre. Un univers totalement étranger à Victor dans lequel nous avons beaucoup varié et multiplié les types de source : PAR, découpe, fluo, LED, dichroïque.
Pour Alix, il est important que nos intentions (lumineuses entre autres) ne prennent pas le dessus mais que nos choix restent dictés par les scènes, par l’émotion, par les comédiens.
La postproduction s’est faite chez Digimage. Le film a été scanné en 4K grâce à la ténacité de la productrice Hélène Cases.
Je remercie vivement toute mon équipe. Je suis très heureuse d’avoir fait ce film riche en complicité avec Alix.

Portfolio

Équipe

Assistant opérateur : François Chevreau, assisté de Stéphane Caballé
Chef électricien : Ernesto Giolitti, assisté de François Gallou
Chef machiniste : Marc Wilhelm ; assisté de Charles Lagorce
Etalonneur : Guillaume Lips

Technique

Matériel caméra : Panavision Alga (caméra Aaton Penelope 3 perfs, optiques série Primo sphérique et zoom Primo 24-275 mm)
Matériel lumière : Transpalux
Matériel machinerie : Transpagrip
Laboratoire : Digimage