Le Sens de la famille

Le Sens de la famille est un film choral : c’est l’histoire d’une famille qui se réveille un matin en découvrant que chacun de ses membres est dans le corps d’un(e) autre... Jean-Patrick Benes (le réalisateur) et moi-même nous étions interrogés ensemble sur la texture de l’image, le format du film et les optiques à utiliser... Je me souviens... Little Miss Sunshine avait surgi comme référence parmi tant d’autres !

Après réflexions, et beaucoup d’essais filmés, nous avons finalement choisi des optiques sphériques, une caméra plein format et du 4K – et non pas en 6K – pour avoir parfois plus de profondeur de champ en raison parfois d’une famille à mettre en avant plutôt que d’un personnage en particulier.
Grâce à l’utilisation d’éléments de story-board sur certaines séquences, le format 2,40 sphérique s’est imposé...
Nous avons bénéficié d’une très bonne préparation pour ce film car Jean-Patrick ne voulait rien laisser au hasard... D’ailleurs chaque fois que je passais à la production pour le retrouver, je le surprenais en train de jouer avec son téléphone portable et les Playmobil de son fils ! En fait Jean-Patrick reproduisait, sur son bureau, les scènes qu’il avait écrites et il les immortalisait avec son téléphone et le logiciel Artemis que je lui avais installé pour se familiariser avec les focales que nous aurions.

C‘était la première fois que je participais à un découpage en photographiant des Playmobil mais je dois dire que c’était assez ingénieux et il nous suffisait ensuite de signifier tout ce qu’on avait imaginé grâce des plans au sol !
C’est comme ça qu’un énorme document (250 pages) nous a accompagné tout au cours d’un tournage qui s’est merveilleusement bien déroulé, avec toujours deux caméras et régulièrement deux doublures pour Rose, la jeune comédienne, qui a magnifiquement incarné le personnage de Chacha.

Beaucoup plus tard, je reçois un coup de téléphone de Jean-Patrick, alors en montage, qui me dit que le monteur et lui-même ont pris une grande décision : ils décident de recadrer tout le film en 1,85 !
Comment ne pas repenser à ces Playmobil convoqués jour et nuit pour mieux visualiser un sens pour une famille ? Devant mon silence, Jean-Patrick invoquait le fait que le 1,85 « faisait plus comédie » (sic) et « moins prétentieux »... Difficile de trouver des arguments à ceux qui m’étaient opposés, moi qui venait de terminer le dernier tournage du film de Marc Dugain (Eugénie Grandet) en 1,66 après l’avoir un temps imaginé en 1,33.

Je n’ai aucune religion et encore moins quand il s’agit d’aborder la photographie d’un film mais j’avoue que changer de format sur une table de montage, je ne l’avais encore jamais subi sauf, bien sûr, quand on nous demande de recadrer des films afin qu’ils passent mieux... dans des avions comme si la carlingue d’un Airbus ne supportait pas le Scope !

En raccrochant, j’ai alors appelé des collègues et je leur ai demandé si cela leur était déjà arrivé... Puis j’ai imaginé ce que cela donnerait si le synopsis du Sens de la famille, inscrit dans un format 2,40, était recadré en 1,85...

Je me suis également souvenu de messages qu’on m’avait envoyés pour me rassurer sur le fait que parfois il n’est pas toujours nécessaire de bien articuler pour se faire comprendre.

Format 2,40:1
Format 2,40:1
Format 2,40:1
Format 2,40:1

C’est vrai que notre cerveau a vraiment une capacité d’adaptation extraordinaire ! Souhaitons qu’il permette également à des spectateurs de reconstituer une partie du hors-champ que j’ai eu parfois tant de plaisir à cadrer en jouant avec des amorces qui n’apparaitront plus dans un sens de la famille légèrement amputé comme le témoignent quelques images fixes prises... avec des Playmobil. En tous les cas, cette famille m’a appris un certain sens... de la résilience !

Le Sens de la famille
Réalisateur : Jean-Patrick Benes
Producteur : Karé Productions
Distributeur : Gaumont
Directeur de la photographie : Gilles Porte, AFC

Bande-annonce officielle


https://youtu.be/9OghiUt2gV4

Équipe

Opérateur 2e caméra : Samuel Lahu
1er assistant 1e caméra : Steve de Rocco
1e assistante 2e caméra : Lucie Bracquemont
2e assistant caméra : Félix Terreyre Saint-Cast
Assistante vidéo : Salomé Rapinat
Opérateur Steadicam : Matthieu Lornat
Chef électricien : Grégory Bar
Chef machiniste : Vivien Jouhannaud

Technique

Matériel caméra : TSF caméra (Sony Venice 4K, série Cooke S4)
Matériels lumière et machinerie : TSF LumièreTSF Grip
Laboratoire postproduction : M141
Étalonneuse : Mathilde Delacroix
"Color Scientist" : Florine Bel

synopsis

Un matin, les Morel se réveillent avec un gros problème. Ils découvrent que l’esprit de chacun est coincé dans le corps d’un autre membre de la famille ! Chacha, 6 ans, est dans le corps de Papa, Papa dans le corps de son ado de fils, le fils dans le corps de la grande sœur, la grande sœur dans le corps de la mère, et la mère dans le corps de Chacha... Vous n’avez pas suivi ? Eux non plus. Et ce n’est que le début.