Le chat sur l’épaule de Robert Kramer
La vie et l’œuvre de Robert Kramer se jouent des frontières et des genres.
Écrivain et cinéaste engagé, américain d’origine mais qui vécut longtemps en France, il a construit une filmographie, à partir de 1967 : « irréductible aux notions limitées de documentaire, fiction, essai ou journal intime. » *
Il débuta dans le cinéma militant en collaborant avec Robert Machover et Norman Fruchter au documentaire Troublemakers en 1966 avant d’emprunter un chemin personnel et original où l’on percevra de multiples influences possibles : l’Amérique de Robert Frank, les fulgurances d’un journal intime façon Jonas Mekas, le regard documentaire d’un Fred Wiseman ou d’un Don Pennabaker, jusqu’à une certaine manière de cadrer les milieux urbains (voir Doc’s Kingdom, par exemple) qui renvoie à Wim Wenders. Rappelons d’ailleurs que Robert Kramer participa au scénario de L’État des choses, en 1982.
Il réalisera aussi de pures fictions comme À toute allure, en 1982, photographié par Richard Copans, ou Diesel, en 1985, photographié par Ramón Suárez. Mais son film le plus emblématique reste sans doute Route One/USA, en 1989, un ”docu road-movie” - avec pour fil conducteur un personnage de fiction (Paul McIsaac, acteur fétiche de Kramer) -, qui dresse une sorte d’état des lieux de l’Amérique profonde en parcourant, cinq mois durant, cette route mythique qui longe la côte atlantique, de la frontière canadienne, dans l’état du Maine, à Key West en Floride.
* Robert Kramer, l’odyssée de l’audace, par Marcos Uzal, dans Libération, du 5 novembre 2019.
- Plus d’informations et calendrier des projections sur le site Internet de la Cinémathèque française.
(En vignette de cet article, Robert Kramer, caméra Aaton sur l’épaule, sur le tournage de Route One/USA)