Le directeur de la photographie Rémy Chevrin, AFC, parle de son travail sur "Les Biens-aimés" de Christophe Honoré
Mais, à l’inverse des Chansons d’amour, il est question là d’un drame joyeux, comme disent les Anglo-Saxons, d’un " dramedy ", qui s’étale entre les années 1960 et 2010 à Paris et Prague, Londres et Montréal.
De la joie et de l’éclat, des couleurs et du mouvement, le ton était donné : nous avions visionné quelques films auparavant, influence par Douglas Sirk, François Truffaut mais aussi Jacques Demy et Jean-Luc Godard. Christophe a toujours voulu du mouvement pour accompagner les déplacements des comédiens ainsi que les scènes chantées : mobilité des personnages au service de l’émotion. De même dans le traitement de l’image, nous avons voulu ne pas connoter les périodes différentes que nous allions traverser en imposant une iconographie spécifique : l’éclat des visages et le lumineux qui en émane devait traverser l’histoire sans être dans le " vintage ".
J’ai donc choisi une grande simplicité d’outils : une émulsion Kodak 5219 et une série d’objectifs Cooke S4 (pas de zoom) ; par contre j’ai filtré l’ensemble des scènes avec de la diffusion marquée, quitte à avoir des doubles images (SFX et Classic Soft ainsi que BPM selon les focales). Pas de traitement particulier comme dans Les Chansons d’amour où le négatif avait été développé sans blanchiment.
Nous sommes allés vers de la douceur sur les peaux en marquant des teintes franches dans l’ensemble des décors. J’ai donc utilisé de grandes toiles et de grandes surfaces de réflexion et travaillé en négatif et positif sur les murs hors champ afin de ne jamais boucher les noirs : l’utilisation de l’ombre ne devait servir que l’émotion et la suggestion sans dramatiser.
J’en profite pour remercier Samuel Deshors au décor et Pascaline Chavanne aux costumes qui ont parfaitement compris nos choix. Dans cette aventure, j’ai été accompagné par mon fidèle chef électricien Mikael Monod, mon valeureux chef machiniste Antonin Gendre et leurs équipes, ainsi que de mes indéfectibles camarades de caméra Matthieu Lebothlan et Francois Gallet. Et à tous ceux qui m’ont accompagné avec patience et support, j’adresse mes sincères remerciements.