Où il est question du travail de Jean-Marie Dreujou, AFC, sur "Kaamelott - Premier volet", d’Alexandre Astier

Le film Kaamelott - Premier volet, réalisé par Alexandre Astier et photographié par Jean-Marie Dreujou, AFC, est projeté sur les écrans depuis le 21 juillet dernier, peu de temps après les festivités cannoises. L’AFC n’ayant pu auparavant s’entretenir avec le directeur de la photographie, c’est désormais chose faite, ce dernier a répondu aux questions de François Reumont quant à son travail sur le film.

Pour son adaptation sur grand écran, la série TV "Kaamelott" créée et interprétée par Alexandre Astier s’offre le Saint Graal des caméras. C’est Jean-Marie Dreujou, AFC, qui a eu la chance de manier l’Arri Alexa 65 sur ce film moyenâgeux où la reconstitution historique du mythe Arthurien est passée à travers la moulinette comique de l’auteur. Retour sur le tournage de ce film étrange, qui propose de mêler l’esprit de l’Himalaya comique britannique (tourné jadis en 16 mm) à la facture d’un grand film d’aventures hollywoodien. (FR)

Jean-Marie Dreujou confesse ne pas avoir été un spectateur assidu de la série d’Alexandre Astier à l’époque. « Honnêtement, je ne connaissais pas bien "Kaamelott", principalement parce que je ne regarde pas beaucoup la télévision. Mais je me souviens tout de même avoir été interpellé par ce son tonitruant de cors qui annonçaient le début du programme en provenance de la chambre de mes enfants. Ces derniers, apprenant que j’avais reçu le scénario de l’adaptation cinéma, m’ont ensuite vraiment aidé à rentrer dans l’univers de la série. »
Peu de temps après, il rencontre le comédien réalisateur (qui interprète le rôle principal du roi Arthur) avec qui le contact s’établit immédiatement. « Alexandre est un fan de mécanique, tout comme moi. Que ce soit les trains, l’automobile ou bien sûr les machines de cinéma. Et je me souviens que dès notre première rencontre, on a plus parlé de machines que de films ! »

Des machines de cinéma, il en est donc bientôt question, Alexandre Astier se passionnant pour le matériel de prise de vues, et notamment pour les objectifs. « Il pratique la photographie lui-même depuis longtemps et s’intéresse beaucoup à l’image. Il m’a donc demandé beaucoup de renseignements très précis à ce sujet. À l’époque, déjà, je sais qu’il avait beaucoup travaillé avec Philippe Ros, le directeur de la photo du feuilleton TV, pour aboutir à la qualité visuelle de la série. Notamment en décidant d’utiliser les Sony 900, qui personnifiaient la pointe de la technologie naissante du cinéma numérique. »

Alexandre Astier et Jean-Marie Dreujou, au Sultanat d'Oman - Photo Amandine Hanse-Balssa
Alexandre Astier et Jean-Marie Dreujou, au Sultanat d’Oman
Photo Amandine Hanse-Balssa

Se lançant dans une série de tests , « pour aller vers une image épique », le tandem sort un parc de matériel très large sur deux journées bénéficiant de certains costumes et d’un décor extérieur enneigé sur lequel une des séquences allait être tournée. « Ces deux journées ont été extrêmement utiles pour nous plonger littéralement dans la direction artistique du film et faire apparaître un prototype de ce que pourrait rendre les costumes et les lieux à l’écran. »
Testant à la fois des caméras plein format, du Scope et du sphérique, c’est finalement l’Alexa 65 qui remporte les suffrages de la mise en scène et de l’image. « Le rendu du très grand capteur de l’Alexa 65 (identique à la pellicule 65 mm argentique) l’a immédiatement convaincu. Personnellement, c’est la première fois je tourne avec, l’ayant découverte à Camerimage, en 2018, en admirant le travail de Alfonso Cuarón sur Roma et de Newton Thomas Siegel sur Bohemian Rhapsody.
Associée aux optiques Hasselblad re-carrossées qui sont proposées par Arri, on trouvait le rendu extrêmement cinématographique, proche de références du film épique comme Spartacus, de Stanley Kubrick ou Les Vikings, de Richard Fleischer. Certes, la série n’est pas très riche en variété de focales, mais la plupart des scènes ont fait appel soit au 80 mm, soit au 100 mm. Un zoom Hawk 150-400 mm complétant les focales fixes pour les plans au télé. »