Parti trop tôt, mon Ami Patrice

Par Pierre Lhomme, AFC

par Pierre Lhomme La Lettre AFC n°236

Patrice Chéreau, un homme chaleureux, exigeant, infatigable et fraternel, ennemi du soleil, mais à l’aise avec l’ombre… Je garde un souvenir très fort de ma rencontre avec lui et Richard Peduzzi, son décorateur, des repérages méticuleux et des essais.
Il ne nous restait plus qu’à préciser notre vocabulaire pour bien nous comprendre, Jean-César Chiabaut, le cadreur, lui et moi. En fait, je n’avais jamais été confronté à de telles exigences : tournage en plein été en extérieur et décors naturels et Patrice disant : « Il y aura beaucoup de pluie, de brouillard, de nuits, de clair-obscur et jamais de soleil sinon pour le dernier plan ! » Pari tenu, mais à quel prix !, dira-t-il plus tard…
Après quelques films, il avait le sentiment de commencer à savoir faire du cinéma. Cette honnêteté, sa modestie non feinte, sont des qualités rares. A ma demande, nous avions ouvert ma rétrospective à la Cinémathèque avec notre premier film, La Chair de l’orchidée. J’avais aimé son premier film, lui non ; il était au début de son apprentissage, moi j’étais sous le charme des acteurs : Charlotte Rampling, Simone Signoret, Edwige Feuillère, Bruno Cremer, François Simon, et ses exigences m’avaient stimulé.
Il est parti trop tôt, mon Ami Patrice.