Plein pot en Scope dans le métro

Par Vincent Jeannot, AFC
Carlo, je t’ai connu au début de ta carrière parisienne dans les années 1980, tu m’as fait faire le grand saut, moi qui venais du documentaire en 16 mm. Grâce à toi je me suis retrouvé pointeur sur Le Dernier combat, de Luc Besson, en Scope... Ma toute première fiction... A la fin du film, j’ai gagné la basket d’or : Besson avait adopté le surnom de " Speedy " que tu m’avais donné dès notre première rencontre.

Je me rappelle cette ambiance incroyable avec une moyenne d’âge d’environ 25 ans, c’était un premier film pour presque toute l’équipe.
Je me souviens de ton frère Giovanni, d’Antoine Vaton, Didier Nion et de François Gentit, mon second à la caméra.
François, toi et moi sommes restés une équipe soudée jusqu’à la fin du Grand bleu.
Je crois sincèrement qu’avec toi j’ai vécu mes plus belles expériences de tournage, surtout sur des courts métrages comme Dialogue de sourds, de Bernard Nauer, ou celui que nous avions tourné en Suisse dans ton Tessin natal.

Travailler auprès de toi était un tel plaisir que j’ai refusé des coups payés pour t’accompagner sur ces courts métrages.
Tu n’aimais pas les conflits, la pression qui existe souvent dans ce métier, mais sur les courts, tu y étais à l’abri.
« Priorité aux comédiens »... Tu m’as vraiment appris à être à leur écoute en les gênant le moins possible, mes marques de point devenaient de plus en plus discrètes et j’ai toujours eu un excellent rapport avec eux.
Subway a été le film le plus dur au point de toute ma vie d’assistant " plein pot en Scope dans le métro " mais ta gentillesse a toujours été d’un grand soutien.
J’étais d’ailleurs très fier d’avoir trouvé un smoking pour t’accompagner aux César.

Je me souviens de nos escapades à la Photokina à Cologne où nous y avions découvert la toute nouvelle Moviecam et, pour le tournage du Grand bleu, nous avions réussi à convaincre, non sans peine, Henryk Chroscicki de Technovision de garder ses vieilles BL et de nous louer uniquement ses objectifs pour les marier avec la Moviecam et le pari fut plus que réussi.

Devenant à mon tour opérateur, nos chemins professionnels se sont naturellement éloignés, mais toutes ces expériences partagées avec toi m’accompagnent toujours aujourd’hui dans la pratique de mon métier.

Ta disparition si brutale me laisse un grand vide et je m’associe à la douleur de tes proches.

Ciao Carlo, Ciao

(En vignette de cet article, Luc Besson, Carlo Varini et Vincent Jeannot sur le tournage de Subway - Photo Patrick Camboulive)