Thales Angénieux

Lorsque j’ai rencontré le Président Rémy Chevrin lors du Festival de Cannes, nous avons constaté cette lacune. En tant que Président Directeur Général de Thales Angénieux, j’ai postulé à votre association ; c’est avec grand plaisir que j’ai accueilli, il y a quelques semaines, l’admission de Thales Angénieux comme membre associé de l’AFC. Je tiens à remercier très chaleureusement Rémy Chevrin qui a soutenu notre candidature et tous les membres du conseil d’administration qui l’ont validée. Vous pouvez compter sur mon implication pour transmettre les souhaits des directeurs de la photographie à nos concepteurs d’optiques.

Je pense que beaucoup d’entre vous connaissent Angénieux et son histoire, probablement mieux que moi qui dirige cette société depuis seulement un peu plus de deux ans et demi. Permettez-moi toutefois de profiter de cette tribune pour vous parler de cette prestigieuse maison.
Savez-vous par exemple qu’Angénieux a réalisé plus de 1,5 millions d’optiques pour la Photo et le Cinéma : inventeur du Rétrofocus, il a permis la généralisation des appareils Reflex en permettant aux courtes focales de laisser la place nécessaire aux miroirs. Créateur du zoom industriel, il fut récompensé dans le monde du Cinéma par deux Oscars, l’un en 1964, l’autre en 1990.

Angénieux a largement participé à l’aventure spatiale. La NASA, intéressée par la forte ouverture de ses objectifs, devient un client prestigieux pour la société. C’est ainsi que toutes les sondes spatiales qui ont exploré la lune ont pu être équipées d’optiques françaises ; c’est ainsi qu’Armstrong a été filmé sur la Lune grâce à un zoom 6x25 développé par Angénieux qui a su résoudre des problèmes de graisse, indispensable à la lubrification mécanique des pièces en rotation, mais impossible à utiliser dans le vide puisque la graisse sublime et se vaporise sur les optiques.
De la même manière ce sont les optiques Angénieux qui équipent les navettes spatiales dont vous voyez parfois des images à la télévision. Pour moi qui ai découvert cette Société il y a donc un peu moins de 3 ans, j’ai été extrêmement surpris de découvrir que la majorité des zooms utilisés pour le Cinéma étaient conçus et réalisés dans un petit village au centre de la France.

C’est à Saint-Héand, à 10 km au Nord de Saint-Etienne, lieu de naissance de Pierre Angénieux, que se trouve encore aujourd’hui notre usine. Dès sa création en 1935, Pierre Angénieux avait installé des ateliers de polissage de lentilles, principalement destinées aux optiques pour les appareils photo ; il avait installé les bureaux des Etablissements Angénieux à Paris.
La deuxième guerre mondiale l’a conduit à se replier en zone libre et au village de son enfance. Comme vous avez pu le constater en ces quelques mots, l’entrepreneur Pierre Angénieux a accompli un travail tout à fait exceptionnel qu’il est bien impossible de résumer en quelques lignes.

Après cette magnifique aventure industrielle, les établissements Pierre Angénieux ont été conduits à déposer le bilan en 1993, parce que comme je le décris souvent, le tsunami japonais a bouleversé toutes les industries optiques européennes. C’est à cette date que Thomson-CSF a racheté la Société devenue depuis Thales Angénieux SA. La marque Angénieux est donc aujourd’hui une marque du Groupe Thales.
Lorsqu’aujourd’hui je présente la Société, je parle souvent du village gaulois qui résiste encore à la technologie japonaise, d’Angénieux plus connu à Hollywood qu’à Paris, à la NASA qu’à l’ESA et que nous avons là une pépite qui a résisté au temps et qui ne demande qu’à briller. C’est là l’objectif que je me suis fixé pour cette fabuleuse entreprise.

Je suis personnellement convaincu que la pérennité de l’Entreprise passe par notre capacité à réaliser les bons produits aux performances que vous attendez et à un prix acceptable. Si vous aimez les optiques Angénieux, je m’engage à vous donner l’occasion de nous aider à les faire progresser.
Au CINEC, la semaine dernière, nous avons lancé le premier forum utilisateur qui visait à rassembler pour cette occasion l’ensemble des loueurs Cinéma qui proposent nos produits. Ce moment a été l’occasion d’échanges chaleureux parfois musclés que nous allons prendre en compte pour faire évoluer notre gamme. J’ai bien l’intention de reprendre cette initiative de manière tout à fait régulière.

Cet automne, sortiront sur les écrans trois films, deux sur l’histoire de Mesrine, l’autre intitulé Secret défense, qui utilisent tous les trois le dernier né de notre gamme Optimo, le 28-76 mm. Les directeurs de la photo que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors des tournages étaient enthousiasmés par cette optique.
Nous avons besoin de vous pour définir correctement les meilleurs produits. Nous avons également besoin de vous pour parler et mettre en valeur nos optiques. En effet dans le monde marketing qui nous entoure, on est plus souvent à parler du nombre de pixels que de la qualité des optiques. Il suffit d’aller dans n’importe quel grand magasin, on verra des dizaines d’appareils photo qui ont plus de pixels les uns que les autres mais dont l’optique anéantit très significativement la qualité de l’image finale.

Dans les génériques de films on parle bien souvent des caméras, jamais des optiques. Vous, vous savez combien l’optique intervient dans la qualité du produit final et c’est en faisant rayonner à chaque fois qu’il est possible notre nom, dès lors que vous êtes fiers du produit que nous vous proposons, que nous arriverons à conserver et à soutenir une industrie d’optique pour le Cinéma en France.
Ceci est en effet extrêmement important car aujourd’hui la compétition est exacerbée et pas toujours égale. Prenons le Japon, par exemple, une organisation tout à fait exceptionnelle, un ministère de l’Industrie qui soutient massivement les études et développements dans le domaine de l’audiovisuel. Il suffit dans les salons d’aller voir le stand de la NHK pour constater que c’est l’Institut d’innovation probablement le plus soutenu financièrement au monde.
Il y a là une machine de guerre économique redoutable. Thales Angénieux qui fabrique encore quelques optiques pour la télévision en sait quelque chose. Il n’est pas imaginable un seul instant qu’une chaîne de télévision japonaise achète une optique française, vous n’imaginez pas ! Le contraire, bien entendu, ne pose aucun problème.

Sans le savoir-faire accumulé pendant plus de 70 ans d’expérience, il est clair que la Société n’existerait plus ; sans une qualité d’optique exceptionnelle, nous n’existerons plus. Nous avons repris comme flambeau l’extrait d’une phrase d’un directeur de photo japonais : « The best lenses to express what you have in mind ».
Mesdames et messieurs, si vous pensez que nos optiques ont une vraie plus-value et vous apportent un plus dans votre métier, alors travaillons ensemble pour améliorer les produits, aidez-moi à faire rayonner cette prestigieuse marque et nous continuerons à concevoir des produits exceptionnels.

Très concrètement je renouvelle la proposition que j’avais formulée à Rémy Chevrin d’organiser à votre attention une visite dans notre entreprise qui vous permettra de visualiser la conception et la fabrication d’un zoom " cinéma ", l’occasion d’échanger ensemble sur le sujet.