Xavier Dolleans, AFC, revient sur le tournage de la série "Rivages", réalisée par David Hourrègue

Entretien avec Jonathan Bensimhon, pour l’AFC
"Rivages" est une série télévisée franco-belge réalisée par David Hourrègue, dont les six épisodes sont diffusés depuis le 6 janvier sur France 2. Le directeur de la photographie Xavier Dolleans, AFC, revient ici sur les nombreux défis techniques qu’il a dû relever dans le cadre de ce tournage en milieu aquatique.

Ingénieure océanologue, Abigail est envoyée à Fécamp, sa ville natale, afin d’étudier les causes d’un mystérieux naufrage. À son arrivée, elle doit faire face aux tensions qui opposent les autorités, à la fois aux pêcheurs et aux écologistes. Mais le danger est ailleurs : une créature mystérieuse et menaçante semble hanter les fonds marins.

Quelle est la genèse de ce projet ?

Xavier Dolleans : Je connais le réalisateur David Hourrègue depuis longtemps. Nous avons tourné plusieurs saisons de "Cut", puis "Skam France" ainsi que la série "Germinal". Il m’a appelé en juin 2023 pour me parler d’un projet de série avec un monstre sous-marin, je n’avais pas lu le script mais je savais qu’avec David j’allais forcément vivre une aventure pleine de challenges. J’ai dit bingo ! J’étais très heureux de retrouver une grande partie de l’équipe artistique, la cheffe décoratrice Edwige Lecarquet, le directeur de production Nicolas Trabaud, l’ingénieur du son Joseph Delaage et la cheffe maquilleuse Shirley Dray.

Comment avez-vous préparé un projet aussi ambitieux ?

XD : Il y avait dès le départ beaucoup de challenges visuels et logistiques. Et nous adorons cela. Nous nous sommes attelés séquence après séquence à décortiquer comment filmer ces moments complexes, tout en gardant en tête notre économie. Il y avait beaucoup de séquences en mer, au total nous avons passé 13 jours en surface, 3 jours sous l’eau en Corse et 3 jours sous l’eau en studio en Belgique. La préparation fut donc un mélange de recherches de références visuelles et de look, autant que des d’outils adaptés à notre mise en image.

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Peux-tu nous en dire plus sur les inspirations visuelles justement ?

XD : Notre grand plaisir, c’est de créer un mood board visuel regroupant pleins de références, pour ce projet, j’ai également créé un mood board sonore en ligne avec des musiques de référence que David aimait. Une sorte de livre animé visuel et sonore. Nous nous sommes demandé comment filmer la mer, sous la mer, la mer la nuit. Comment garder la connexion émotionnelle avec le personnage principal d’Abigail (interprété par Fleur Geffrier). Toujours la question du point de vue. Avec qui découvrons-nous les choses ? Où nous plaçons-nous ? Garder la justesse. Nous nous sommes également posé les questions sur la représentation du monstre sous-marin. Comment l’évoquer, faire frémir sans tout montrer. Garder sa révélation pour la toute fin. C’était aussi une question économique qui nous permettait de contrôler le budget VFX. Nos références étaient nombreuses, je peux citer Arrival, pour la présence énigmatique d’un artefact inconnu. Une scientifique à la recherche d’un moyen de communiquer et l’omniprésence militaire. Das Boot et ses représentations de la mer de nuit, des explosions sous-marines. Captain Philips, pour la solitude et l’isolement sur l’eau, La Forme de l’eau, pour sa recherche d’esthétisme et son travail sur la couleur. Nope, pour ses cadrages, l’évocation du monstre, la découverte des "parties" avant de découvrir le "tout", filmer et deviner sans montrer, puis montrer frontalement et enfin, Contact, pour le personnage féminin fort en quête de vérité.

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Tu nous parles beaucoup des challenges. Quels ont-il été ?

XD : Spielberg avait dit après Les Dents de la mer : un film sur l’eau plus jamais. Nous avons appréhendé la mer avec beaucoup d’humilité. La Manche en hiver peut se révéler hostile et nous avions souvent plusieurs bateaux à l’écran qui devaient être statiques ou en mouvement et garder leurs distances et leurs orientations les uns par rapport aux autres. Cela peut paraître simple sur le papier, mais dès que le vent, les courants, les marées s’en mêlent, cela devient un cauchemar de logistique et de sécurité. Il est très important d’être bien entouré, de connaître les courants, d’avoir un coordinateur maritime efficace et pertinent qui comprend ce que l’on veut faire et qui anticipe nos besoins en fonction des changements de météo soudains. Le temps passe vite sur l’eau. La dérive des bateaux doit être surveillée en permanence et l’obsession de l’orientation par rapport au soleil peut mener à des prises de risques qui doivent absolument être contrôlées.

L’autre challenge était de filmer sous l’eau. Après un seul et unique plan tourné en splashbag sous l’eau dans la Manche, en octobre 2023, nous avons pris la décision de tourner toutes nos séquences aquatiques sous-marines dans un environnement plus hospitalier : la Corse. Nous avons regroupé toutes les séquences sous l’eau sur 3 jours, que nous avons mis en fin de plan de travail, en décembre 2023, nous permettant ainsi d’ajuster nos besoins en fonction de ce que nous tournions sur l’eau en Normandie dans les mois qui précédaient cette semaine.

Un de nos plus gros challenges fut de mettre au fond de l’eau un monstre marin de 6 mètres de long (fabriqué par Christophe Calcus) dans lequel nous avons inséré 40 tubes Astera en coque Hydroflex avec un effet de clignotement intégré. Et ce à 10 mètres de profondeur en milieu naturel. Un vrai challenge relevé haut la main par les équipes de plongeurs de Calvi et mon chef électricien Tom Van Den Abbeele.

Pour finir, nous avons tourné chez Lites, avec Wim Michels, SBC et toute son équipe que nous connaissions déjà pour avoir tourné nos séquences aquatiques des mines inondées de "Germinal".
Cette fois-ci nous avons utilisé toute la profondeur du bassin et nous savions précisément les morceaux de plans qui nous manquaient car nous avions déjà tourné tous les autres éléments et séquences, une chance ! Ils s’agissait des plans les plus techniques, les gros plans des comédiens, les cascades aquatiques, les effets de lumière liés au monstre.

Nous avons fabriqué une boîte à lumière de 6x6 m immergée et entièrement équipée de tube Aquabat de la société MBS. Ces barres de LEDs sont RGBWW entièrement étanches sans autre protection jusqu’à 10 mètres. L’outil parfait pour créer tous les effets d’interaction lumineux liés aux contacts avec le monstre.

Boite à lumière équipée des LEDs Aquabats de MBS - Studio Lite - Janvier 2024
Boite à lumière équipée des LEDs Aquabats de MBS - Studio Lite - Janvier 2024


Tom Van Den Abbeele (chef électricien) équipant le monstre sous-marin de 40 tubes Astera contenus dans des coques hydroflex. - Photos Xavier Dolleans
Tom Van Den Abbeele (chef électricien) équipant le monstre sous-marin de 40 tubes Astera contenus dans des coques hydroflex.
Photos Xavier Dolleans


Quels ont été tes choix de matériel sur cette série ?

XD : Après des essais filmés complets, que j’aime refaire à chaque début de projet, je me suis tourné une une fois de plus vers la Sony Venice, version 2 cette fois ci. Grand amateur de Sony, j’ai particulièrement apprécié les capacités en basses lumières car nous avions de très nombreuses séquences entre chien et loup et cette caméra peu permettre de gagner de 20 à 40 minutes de jour selon les situations et les besoins. Juste ce qu’il faut pour que le ciel de bord de mer "marque" encore alors que tout le décor est lui déjà plongé dans la nuit. J’avais besoin de cette "ligne" fine. Nous avons beaucoup joué avec. J’apprécie aussi toujours la qualité et la finesse couleur des basses lumières. La caméra étant un peu limitée en hautes lumières, en journée, j’ai décalé l’indice d’exposition à 3 200 ISO en base 800 ISO, me permettant ainsi de gagner 2 stops additionnels en haute lumière. La matière récupérée (bruit) était intéressante et il y avait peu de risque de sous-exposition dangereuse car nous utilisions cet ISO pour tourner des plans très ensoleillés. Pour les nuits, je revenais à l’exposition classique 3 200 ISO base 3 200 ISO. "Rivages" est une série de visages et de portraits de personnage forts. Et je souhaitais les mettre en valeur par l’utilisation du format large. Des gros plans bien ancrés, dans lesquels le décor vit aussi, le tout en anamorphique.

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Objectif Atlas Mercury 72 mm T2,8 1/2 - Photogramme
Objectif Atlas Mercury 72 mm T2,8 1/2
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J’ai eu l’opportunité de tester les Atlas Mercury sur un court métrage à Los Angeles en mai 2023, je suis tombé amoureux de ces optiques. Et je suis un habitué d’Atlas depuis 2019, je tourne très régulièrement avec leurs optiques. Ils m’ont donné la possibilité d’utiliser deux séries anamorphiques Atlas Mercury dès septembre 2023 pendant la préparation de "Rivages". Ce sont des optiques qui reprennent les caractéristiques que l’on connaît des Atlas Orion, une grande douceur, tout en étant plus piquées au centre. Les flares sont orangés, ce que je trouve plus naturel quand ils interagissent avec le soleil.

Objectif Atlas Mercury 72 mm T2,2 - Photogramme
Objectif Atlas Mercury 72 mm T2,2
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On peut utiliser la série à pleine ouverture (T2.2), ce qui n’est pas le cas à mon goût avec la série Atlas Orion classique, qui est, elle, certainement plus utilisable à partir de T2.8. Les distorsions des bords sont celles de l’anamorphique et sont assez agréables sauf peut être sur le 36 mm qui déforme un peu trop par moment à mon goût : je le remplace alors par un 15 mm Leica en Super 35, ou plus récemment, sur d’autres projets, par un 16 mm DZO en Super 35 ou bien en Full Frame si j’ai besoin d’être encore plus large.

Pour les parties en mer, nous avions également besoin de trouver des zooms qui s’intègrent bien à cette série optique. Sur les conseils de Dan Kanes, CEO d’Atlas, nous avons utilisé le zoom 70-200 mm T2.8 de P+S Technik. Même anamorphose x1.5 et également même nature de flare chaud. Son seul défaut fût peut être son poids un peu élevé sur notre tête stabilisée.

D’ailleurs, sur notre Ronin 2, nous avions besoin d’un zoom plus léger, j’ai donc pris un zoom anamorphique 56-152 Angénieux (anamorphose arrière) auquel j’ai rajouté un filtre streak orange de 2 ou 3 mm selon les situations. Les artefacts créés étaient très intéressants sur les hautes lumières, assez éloignés des flares anamorphiques classiques mais très originaux et stylisant les images au large d’une manière à la fois brutale et élégante.

Zoom Angénieux Optimo Anamorphic 56-152 mm + Streak Orange 3 mm - Photogramme
Zoom Angénieux Optimo Anamorphic 56-152 mm + Streak Orange 3 mm
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Le reste du matériel a été fournit par TSF. J’ai été accompagné par une super équipe caméra, mon collaborateur habituel au cadre en caméra A et au Steadicam Guillaume Quilichini. Matthieu Agius pointeur caméra A et Nina Trubert Ambroso à la caméra B assistés de Anouche Iknoyan, Léa Rodella et Théo Fabulet. Mon DIT "near set" Jimmy Christophe.

Sous l’eau, j’ai été guidé dans mes choix artistico-techniques par Jean-Charles Granjon de la société Bluearth Studio. Formidable opérateur sous-marin, Jean-Charles m’a très vite conseillé de basculer vers un zoom sphérique Full Frame, notre choix s’est porté sur le zoom 22-60 mm Angénieux idéal pour notre utilisation en caisson. Jean-Charles possède une grande expérience du milieu sous-marin et il nous a permis de tourner très rapidement sous l’eau, d’être efficace et de rentrer beaucoup de plans en un temps record.
David, notre réalisateur, plongeur aguerri était sous l’eau et coordonnait les comédiens de main de maître. Je restais en surface et je communiquais avec les assistants et Jean-Charles sous l’eau. Très efficace organisation et qui est aussi exceptionnelle car rares sont les réalisateurs aussi à l’aise sous l’eau !

Le réalisateur David Hourrègue (au centre) à l'eau avec ses comédiens - Studio Lites - Photos Xavier Dolleans
Le réalisateur David Hourrègue (au centre) à l’eau avec ses comédiens - Studio Lites
Photos Xavier Dolleans


Lumière

XD : Nous savions que la météo allait être un élément complexe à gérer en Normandie. Beaucoup de vent à Fécamp et de pluie de manière générale partout où nous allions. J’ai pour la première fois collaboré avec le chef électricien Tom Van Den Abbeele. Tom m’a tout de suite parlé des barres "Aquabat" de chez MBS. Ce sont des rangées de LEDs de 1,2 m ou 2,4 m complètement étanches et possédant un très bon TLCI. À la base, nous pensions les utiliser uniquement sous l’eau, et puis l’idée est venue d’organiser ces barres sur des cadres afin de faire de grandes sources soft sur pied à la fois résistantes à la pluie et résistantes au vent. Ces "cadres", nous les avons placés sur pied mais aussi sous les nacelles. Un vrai bonheur pour tourner dans ces endroits hostiles ! Et puis surtout, ces Aquabats, nous les avons utilisés pour créer diverses formes et simuler le monstre flottant, le monstre sous l’eau, ses pulsations, ses échanges avec les comédiens et aider les effets spéciaux numériques à avoir un maximum d’interactions lumineuses live.


Photo Xavier Dolleans




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Tom, également CEO de la société de location Belge WATTS, grand passionné de projecteurs et de nouveautés, m’a également permis d’utiliser des projecteurs automatiques complètement IP65. Nous étions équipés avec des Ayrton Dominos qui sont à la fois complètement étanches mais aussi très puissants. Nos nacelles étaient équipées de ces projecteurs sous le panier et des cadres plus soft d’Aquabat au-dessus. Je pouvais mélanger les températures de couleur et mixer les effets hard/soft très facilement selon mes besoins.

Le TLCI de ces projecteurs automatiques étant assez faible, je les utilisais en majorité pour éclairer les fonds.

Pour éclairer plus à la face, nous étions également équipés de deux projecteurs automatiques Solabeam 3000, bien meilleurs au niveau du spectre, beaucoup moins étanches, donc à utiliser avec plus de précaution et de protection.

Photos Xavier Dolleans (à g) et Morgane Lodis (à d)


Machinerie

XD : "Rivages" fut aussi pour moi l’opportunité de travailler pour la première fois avec le chef machiniste Temoudjine Janssens. Temoudjine a beaucoup d’expérience en accroches dans diverses situations et nous avons cherché ensemble quels outils conviendraient le mieux à nos prises de vues en mer, autant techniquement qu’économiquement. A l’épaule, le Rialto était de rigueur surtout sur les petits bateaux. Cela me permettait de rester pendant de longues prises à l’épaule, de me faufiler et de moins subir l’inertie des mouvements de houle. Une des configurations Full Frame anamorphique les plus légères au monde sans nul doute ! Pour le reste, nous avons beaucoup tourné avec un Ronin 2 accroché à un bras de grue type Aérocrane. Étonnamment ce système s’est révélé très efficace sur l’eau pour rentrer beaucoup de plans. Contrairement à un bras Motorcrane (motorisé), ici c’était Temoudjine qui luttait contre la houle et les vagues pour stabiliser le bras. Assurément, chaque sortie en mer devenait très physique pour lui ! Le Ronin n’étant pas capable d’emmener trop de poids, nous nous sommes rabattus sur une tête motorisée Flight Head V pour des séquences complexes et où visuellement nous souhaitions vraiment avoir notre zoom P+S Technik beaucoup plus lourd.

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Le chef machiniste Temoudjine Janssens prépare notre bateau caméra. Tête Flight Head V. - Photo Loïc Lignel
Le chef machiniste Temoudjine Janssens prépare notre bateau caméra. Tête Flight Head V.
Photo Loïc Lignel


Quelles ont été les scènes les plus complexes à filmer ?

XD : Il y a eu une scène particulièrement complexe à tourner à la fin de l’épisode 6, où les bateaux sont en mer et où le phare communique via des signaux lumineux avec le monstre qui, lui, est en train d’agoniser proche de la surface. A cause de ces signaux lumineux, nous avions besoin de tourner cette scène en vraie nuit. Et à cause de la dangerosité en pleine nuit en mer, nous avons décidé de tourner ces scènes en bassin normalement conçu pour le déchargement des bateaux dans le port de Fécamp. Il nous a fallu éclairer cette étendue d’eau gigantesque et à la fois coordonner les arrivées de bateau, les différents signaux lumineux émis, le tout en simulant la nuit noire tout autour, donc en faisant éteindre une partie des éclairages environnants de la ville de Fécamp. Un vrai challenge !

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Quels rapport as-tu eu avec les effets spéciaux. Comment s’est passé ta collaboration avec eux ?

XD : Nous avons collaboré avec la société Digital District avec laquelle nous travaillions depuis "Germinal". Le process est très fluide, Arnaud Leviez était notre superviseur plateau et nous avons cherché ensemble les meilleurs moyens de mettre en image cette histoire. Tout en étant dans une économie, je le répète, très précaire dès qu’il s’agit de ce genre d’ambitions narratives. Eric Gandois, story-boarder avec lequel nous collaborons depuis "Germinal", intervient dès la préparation avec David et nous permet de mettre en image les séquences les plus complexes. Arnaud nous a évidemment encouragés à créer le plus d’interactions lumineuses possibles, et à tourner en live le plus possible, notamment le bébé du monstre crée par Christophe Calcus puis retouché par Digital District.

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Au niveau de la postproduction, peux-tu nous donner des détails de ton workflow image et de la partie étalonnage ?

XD : Comme toujours, j’ai travaillé le look en amont (en espace couleur ACES) avec la color scientist Florine Bel et mon étalonneur Karim El Katari. Ils sont un binôme formidable et me soutiennent, m’aiguillent dans mes choix techniques et artistiques liés à la couleur.
Je suis parti tourner des images en Venice (prêtée par Sony et Jean-Yves Martin, que je remercie chaleureusement) très en amont du tournage sur la plage de Fécamp. Cela m’a permis de vérifier que le décalage de l’indice d’exposition était intéressant pour gagner la marge nécessaire à la captation des images à fort contraste en bord de mer.
J’ai également pu m’imprégner des couleurs, des ambiances, de la météo extrêmement changeante au sein d’une même prise. Bref autant d’images données à Florine en complément de notre mood-bard et des indications de contraste et de couleur pour la guider dans la création du look.

Un look affiné pendant nos semaines de préparation jusqu’à nos essais filmés avec comédiens, où nous lui avons donné la touche finale de la justesse sur les peaux, tout en respectant la saturation du magenta qui était la couleur de la bioluminescence choisie pour notre créature.

L’étalonnage s’est fait chez MPC, que j’adore pour leur qualité de travail, leur précision, l’investissement dans les projets qu’ils accompagnent.
Nous sommes repartis du look créé par Florine, toujours en espace couleur ACES, Karim a eu un travail assez colossal car j’ai eu beaucoup de fausses teintes pendant ce tournage hivernal. Il possède un œil extrêmement fiable et précis. Il aime pousser les outils et nous les avons poussés pour ce projet ! Gestion précise de la texture et du denoise selon les séquences ; modification et ajustement des teintes d’eau diverses et variées en fonction de tous les environnements dans lesquels nous avons tourné, grande utilisation des outils XGrade et Chromogen de Baselight qui sont fascinants par leurs possibilités.

Sous l’eau, nous étions en sphérique avec un zoom Angénieux 20-60 mm et j’ai eu envie de rajouter beaucoup de flare sur les lampes torches et les lampes frontales des plongeurs. Nous sommes repartis des flares des Atlas Mercury tournés sur fond neutre que Karim a ensuite "remapés" sur les images sphériques. Et puis, au gré des envies, nous les ajustions, Karim a utilisé tous les outils de flare du Baselight et toute sa patience pour en rajouter un maximum : les possibilités sont infinies ! Nous avons utilisé une méthode similaire pour les plans de drone, en appliquant les distorsions et flare pour rapprocher les textures des différentes caméras. Enfin, nous avons rajouté de la halation très subtile, un mélange de plusieurs techniques, d’une part l’opérateur de halation du Baselight et d’autre part une recette créée à base de mode de fusions selon les résultats souhaités.

Karim étant basé aux USA, il n’était plus disponible pour la fin de l’étalonnage, et c’est Emmanuel Le Ridant qui s’est chargé des finitions avec talent et respect du travail effectué par Karim.

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Que retiens-tu de cette expérience aquatique ?

XD : Je retiens que dans tous les cas, le plus important ce sont les gens, l’équipe, les talents des uns et des autres. En mer, le matériel n’a plus trop d’importance, seul le talent et la passion d’une équipe comptent ! J’ai été merveilleusement entouré sur ce projet et je remercie David Hourrègue pour sa confiance toujours renouvelée.


Xavier Dolleans - Photo Guillaume Quilichini
Xavier Dolleans
Photo Guillaume Quilichini


(Propos recueillis par Jonathan Bensimhon, réalisateur et scénariste, pour l’AFC)

Réalisateur : David Hourrègue
Production : Thalie Image
Diffuseur : France 2
Directeur de production : Nicolas Trabaud

  • Bande-annonce :

    https://youtu.be/jA3pezBJIko?si=ZSMNpmSroptIvZYT