A l’aventure
Paru le La Lettre AFC n°181
Pour ce film, dont l’atmosphère est assez proche des deux précédents, la photographie se devait d’être au diapason. Le mystère et la suggestion sont très importants, surtout bien sûr quand il s’agit des scènes de nu qui sont toujours traitées de manière très stylisée.
Là encore, le mélange des genres qu’affectionne Jean-Claude m’a permis de varier les atmosphères. Comédie, drame, suspense, érotisme et même fantastique se côtoient de manière à toujours surprendre et intriguer le spectateur.
Ce film tortueux est un récit d’initiation où une jeune femme (magnifique Carole Brana) se lance dans une quête de liberté et de connaissance, elle va ainsi ouvrir son esprit à des domaines de pensée qui lui était jusqu’alors inconnus comme la philosophie, la métaphysique, la psychanalyse ou l’hypnose et rencontrer toutes sortes de personnages étonnants interprétés par Arnaud Binard, Nadia Chibani, Lise Bellynck et Etienne Chicot.
Contrairement au deux précédents qui étaient des films plutôt urbains, celui-ci comporte plusieurs séquences en pleine nature, ce qui m’a donné l’occasion et le bonheur de filmer les paysages grandioses du Lubéron. C’est dans cette région qu’a été tournée la grande majorité du film, même s’il est sensé se dérouler à Marseille où n’ont finalement été tournées que très peu de séquences.
Beaucoup de scènes du film furent tournées dans le château de Goult dont la grande beauté et l’aspect gothique ont influencé nettement le film. Les séquences d’hypnose ont ainsi pris un " look Hammer Film " qui n’était pas vraiment prévu au départ. Mais j’avoue que ce n’est pas pour me déplaire.
Jean-Claude Brisseau souhaitait que ce film contienne la majorité des thèmes qu’il a traité dans ces films précédents et avait le désir de tourner dans des lieux qu’il avait déjà filmés auparavant. Je me suis ainsi trouvé dans la situation de filmer des décors ou des scènes que mon confrère Romain Winding avait déjà filmés et d’en donner ma propre interprétation, ce qui fut un exercice passionnant, qui a prouvé une fois de plus que quand on donne le même plan à tourner à deux opérateurs différents, on obtiendra des plans très différents.
J’en profite pour remercier chaleureusement tous mes confrères qui m’ont prodigués de nombreux conseils pour résoudre mon problème de cache contre-cache afin de truquer à la prise de vues certains plans du film. (L’AFC, on l’aime aussi pour ça !!!)
Ce tournage plutôt rapide (25 jours) s’est déroulé dans une ambiance très chaleureuse et détendue, comme toujours avec Jean-Claude, avec une équipe peu nombreuse mais motivée et efficace. Deux compagnons de longue date, dont l’aide m’est aussi précieuse que l’amitié, m’ont secondé dans cette aventure : Hugues Gémignani (1er assistant opérateur) et Patrick Gentils (chef électro-machino), ainsi que deux nouveaux venus, Alexandrine Daloiso et Adrien Mendoza.
Une des particularité de ce film est que son processus de fabrication est entièrement argentique. En effet, Jean-Claude Brisseau est un des derniers cinéastes à monter ses films " à l’ancienne " sur pellicule et sur table 35 mm. Ceci me donne le plaisir de voir la totalité de mes rushes en 35 mm et en projection, ce qui se fait rare de nos jours.
L’étalonnage est donc uniquement argentique et a eu lieu chez Éclair sous la direction de Jean Durand que je remercie ici pour son travail et sa bonne humeur.
Technique
Pellicule : Fuji Eterna 8522 (64D) et 8583 (400T)Matériel caméra : Cinécam, Moviecam Compact, série Cooke S4
Matériel lumière : Transpalux
Matériel machinerie : Car-Grip Films
Laboratoire : Eclair, étalonnage argentique, Jean Durand