A propos de l’étalonnage de la série "Transferts", photographiée par Pascal Lagriffoul, AFC

Par Peter Bernaers, étalonneur

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Peter Bernaers a étalonné la série "Transferts", photographiée par Pascal Lagriffoul, AFC, dont le premier épisode est sélectionné à Camerimage en compétition Pilotes Série TV. Il parle, dans cet article, des options d’étalonnage et de finition de la série.

Nous avons étalonné sur Mistika et un moniteur Eizo 4K, visionnant donc du 4K. Dans notre projet, on a traité les REDRaw comme du REDlog, en Dragoncolor. On a travaillé nativement sur les Raw, mais en Medium Decode, ce qui veut dire que même si notre moniteur était en 4K, on voyait réellement que du 2K.
La raison était que la machine était capable de lire les Raw en natif sur cette résolution, et pas en déBayer en full définition. Les calculs finaux étaient évidemment en full définition 4K.

La confo était faite dans le Mistika, et on a fait tous les recadrages dans la machine, donc de nouveau en utilisant toute la résolution. On a commencé sur une courbe REDlog, on n’a pas appliqué de LUT pour la convertir vers une courbe vidéo.
Dans ce cas spécial, on a plutôt établi une petite courbe qui apportait un peu de contraste et de saturation et on l’a appliquée sur tous les plans, comme si on avait fait une LUT "customisée". Ce petit étalonnage était assez doux et ne détruisait rien, c’était juste pour éviter de regarder du logarithmique. A partir de là, on a affiné de scène en scène en créant notre "look", avec Pascal.

Disons que c’était une vraie recherche où l’on a essayé de faire une bonne synthèse de tous les désirs et demandes, même s’ils étaient contrariés par moment. Ce qui nous a certainement poussés dans une direction parfois imprévue mais qui nous a menés à ce beau résultat.
Techniquement, ma façon d’étalonner est assez simple : je cherche un bon contraste de base, mais une fois trouvé, j’étalonne le plus possible en lumière de tirage, donc ça veut dire faire une bonne balance entre lift, gamma et gain, et faire une bonne image avec l’exposition, donc les points de tirage.

En colorimétrie, je fais un maximum de travail dans les points de tirage, c’est-à-dire une façon d’étalonner qui se comporte comme des filtres de couleur sur toute l’image. Ensuite, de temps en temps, on ajoutait une couleur séparément dans les noirs. Aussi, très souvent, on faisait un "key" sur les peaux, pour les affiner et ce "key" nous permettait de refroidir légèrement toutes les autres teintes, pour donner une séparation colorimétrique.
A part de celui-là, on n’utilisait en général que des "keys" pour affiner certaines couleurs dérangeantes (comme les verts !). Le "keyer" du Mistika n’étant pas très performant, on ne l’utilisait pas plus que nécessaire.

Pour les patates, on peut dire qu’on avait le même problème : comme les patates du Mistika ne sont pas très subtiles et le "tracker" est peu performant dans une session d’étalonnage, on faisait des patates plutôt de façon très classique, photographique. Ce qui veut dire : des dégradés ou ronds très flous, pour bien les cacher. À la rigueur on peut dire qu’on a eu beaucoup de restrictions, mais à un certain niveau, toutes ces restrictions (et la façon de travailler un peu à l’ancienne) nous ont menés à ce résultat !

Peter Bernaers Freelance Colourist We Electric BVBA

  • Lire aussi l’entretien de Pascal Lagriffoul, AFC, à propos de "Transferts".