Aventures et sources d’inspiration à l’atelier Kodak/Vantage/Silverway

par Kodak La Lettre AFC n°293

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Difficile de résister à certaines tentations, surtout quand leur objet est à portée de main. C’est ainsi que l’atelier Kodak/Vantage/Silverway, organisé récemment à Paris, a attiré une grande foule enthousiaste à l’idée de mettre la main sur un trésor de matériel cinématographique en 16 mm et 35 mm, et de participer de bout en bout à la réalisation de Rupture - un court métrage passionné dans lequel un rendez-vous romantique prend un tour inattendu.

Les Français continuent de se passionner pour la pellicule. On en veut pour preuve La Vérité (réal. : Hirokazu Kore-eda, DP : Eric Gautier, AFC), De nos frères blessés (réal. : Hélier Cisterne, DP : Hichame Alaoui), Technoboss (réal. : João Nicolau, DP : Mario Castanheira), Voir le jour (réal. : Stanley Woodward, DP : Dominique Bouilleret, AFC) et Sous la peau (réal. : Julien Mignot, DP : Simon Roca), ainsi qu’une pléthore de clips vidéos et de publicités, tous tournés en pellicule Kodak.

Voir la version achevée de Rupture
Rupture

C’est dans ce contexte prometteur que Kodak, le loueur de caméras Vantage Paris et le laboratoire photochimique Silverway ont uni leurs forces pour proposer aux professionnels et aux grands curieux une expérience exceptionnelle. L’atelier a par ailleurs été facilité par la société b.o.x production, qui a déployé sur le plateau des chefs opérateurs du son, des opérateurs caméra et des électriciens, proposé des services de montage, et même réalisé un film sur les coulisses de l’atelier au moyen d’une caméra argentique Bolex. Enfin, le matériel d’éclairage a été fourni par Cininter.

Ileana Leyva (Kodak) a joué un rôle central dans l’organisation de cet atelier de deux jours, et a par ailleurs réalisé Rupture, qu’elle a co-écrit avec Luis Longo. Elle explique : « L’argentique a quelque chose de frais et d’unique qui séduit les cinématographes. Nous voulions faire une démonstration forte de son accessibilité et de la facilité du tournage et de la postproduction en 16 mm et 35 mm en France à l’heure actuelle. »

Plus de 50 invités, parmi lesquels des directeurs de la photographie, des opérateurs caméra et des étudiants, ont assisté à l’atelier Kodak/Vantage/Silverway qui s’est déroulé au studio parisien de Vantage et au laboratoire de Silverway. Kodak a exposé toute sa gamme de pellicules Daylight et Tungsten 16 mm/35 mm ; Vantage Paris a présenté un large éventail de caméras Arri et Aaton 16 mm/35 mm, ainsi que des optiques sphériques Vantage One T1 et des optiques anamorphiques Hawk V-Lite 2x Squeeze et 1,3x Squeeze ; Silverway a ouvert les portes de son laboratoire photochimique de pointe pour que les invités puissent directement assister au développement des rushes du tournage.
Alexander Bscheidl, directeur général de Vantage Paris, se réjouit : « Ça a été un plaisir de voir les directeurs de la photo tester différents formats de pellicule, rapports hauteur/largeur et facteurs anamorphiques Squeeze. Nous avons créé différentes conditions d’éclairage et la difficulté a consisté à intégrer plusieurs styles de prise de vues et formats dans un seul court métrage. C’était un gros défi, tant sur le plan technique qu’en raison des contraintes de temps. »

L’atelier s’est aussi distingué par le flot de connaissances et d’avis d’experts dispensés par les directeurs de la photo professionnels supervisant le tournage, parmi lesquels Gordon Spooner, AFC, Alfredo Altamirano, AMC, Léo Schrepel et Thomas Rigade, qui était lui accompagné d’un collaborateur de longue date, le réalisateur Julien Pujol. Les invités ont pu être au plus près du celluloïd, des caméras et des objectifs, et même prendre part au tournage du court métrage Rupture.

Un petit plateau intime ressemblant à une loge de théâtre a été construit dans le studio de Vantage, où chacun a testé des caméras 16 mm et 35 mm, des décamètres à ruban, des éclairages et des posemètres pendant que les acteurs Marie Mottet et Andy Gillet jouaient. Les scènes ont été tournées en 35 mm et 16 mm 3-perfs et 4-perfs, avec des optiques anamorphiques et sphériques.

Le plateau de Rupture a été construit spécialement pour l’occasion dans le but de mettre en évidence la capacité du celluloïd à saisir en douceur et dans un même cadre les dynamiques ombre-lumière, son rendu séduisant des couleurs et des tons chair, et la qualité d’ensemble des textures sur pellicule dans des conditions de faible luminosité.

Pamela Albarran, directrice de la photographie présente à l’atelier, est enthousiaste : « C’est très encourageant de voir que tant de personnes s’intéressent à la cinématographie et veulent perpétuer la pellicule argentique. Je me suis rendu compte qu’il est très facile de tourner en pellicule et d’aboutir à de superbes résultats. »

James Coote, directeur de la photographie, ajoute : « C’était une super occasion de rencontrer d’autres chefs op’ passionnés par la renaissance de la pellicule et de voir comment on arrive tous à convaincre les productions que ça reste encore très rentable de tourner en pellicule. »

Gordon Spooner, AFC, directeur de la photographie (Darling, La Caméra de bois) présent à l’atelier, déclare : « Difficile de battre les qualités esthétiques de la pellicule. Le film Rupture en est la preuve parfaite. Aujourd’hui, ce qui me plaît beaucoup dans l’argentique, c’est que c’est devenu une alternative valable au numérique, en particulier chez une génération montante de réalisateurs et de directeurs de la photo qui nous proposent des œuvres extrêmement belles et viscérales. »

Selon Léo Schrepel, directeur de la photographie qui tourne régulièrement des publicités et des clips vidéo en pellicule pour des artistes comme Moses et Franz Ferdinand, « Ça a été enrichissant de voir tant de personnes se rassembler et partager leur passion de l’argentique. S’il y a un message à faire passer concernant cet atelier, c’est qu’il est extraordinairement simple de tourner et d’obtenir des résultats impressionnants en pellicule. Quand on tourne en numérique, on peine souvent énormément à atteindre de tels résultats, mais en pellicule, les résultats sont là, dès le début. » Léo Schrepel a récemment tourné Judith Hôtel, de Charlotte Le Bon, en 35 mm ; le court métrage a été présenté au Festival de Cannes 2018 dans le cadre de la collection Talents Adami.

Alfredo Altamirano, AMC, jeune directeur de la photographie mexicain et compositeur visuel de plusieurs longs métrages présentés dans des festivals, ainsi que des courts métrages Il y a une guerre et Axel en hiver, renchérit : « J’adore tourner en pellicule, et j’ai été ravi de pouvoir contribuer à l’atelier et interagir avec un public souhaitant de toute évidence en savoir plus sur les différents aspects du fonctionnement des caméras, de la durée d’exposition, de la vitesse et de l’éclairage dans le contexte de l’argentique. C’est formidable que Kodak, Vantage et Silverway aient collaboré de la sorte pour promouvoir et faciliter le recours à l’argentique. »

Le lendemain du tournage, les invités ont pu visiter le laboratoire Silverway, qui a considérablement investi dans ses services et son personnel de traitement des pellicules argentiques, pour assister au traitement des rushes. Pendant cette visite, les invités ont aussi pu en apprendre davantage sur la chaîne complète des processus de scan image 2K/4K et d’étalonnage numérique de Silverway. Ils ont enfin pu apercevoir le frigo récemment installé par Kodak et rempli de pellicules 16 mm et 35 mm en vente libre.

Jérome Giraud, directeur général de Silverway, explique : « L’argentique suscite un intérêt énorme actuellement, en particulier parmi les réalisateurs et directeurs de la photo de la génération montante pour qui la production analogique offre des résultats radicaux et frais par rapport à son alternative binaire. Pour Silverway, l’atelier s’est révélé être une occasion idéale de démontrer les contributions que sa chaîne de processus 2K/4K rapide et efficace peut apporter à l’esthétique analogique. »

Silverway a transmis des scans de rushes de Rupture à la société b.o.x production, dans les locaux de laquelle le monteur Florian Ronget a réalisé un premier montage du film produit par Victor Holl et synchronisé par Marine Surblé et Jade de Brito. Pour finir, l’étalonnage numérique final du court métrage a été effectué au laboratoire de Silverway.

« Nous sommes toujours prêts à contribuer à des productions analogiques, qu’il s’agisse de publicités, de clips vidéo ou de longs métrages », raconte Marine Surblé, de la société b.o.x production. « D’une part, nous apprécions énormément l’aspect sensuel distinct de l’argentique comparé au numérique ; d’autre part, nous aimons la discipline et la préparation que suppose un tournage en pellicule. Le résultat constitue toujours une révélation, et j’espère que l’atelier et Rupture encourageront davantage de réalisateurs et de directeurs de la photo à tourner en pellicule. »

Voir le making-of de Rupture réalisé par la société b.o.x production

Making-of

« Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué à l’atelier Kodak/Vantage/Silverway et à la création de Rupture », conclue Ileana Leyva. Pendant deux jours, leur travail admirable a été source de grande inspiration. Je souhaite aussi exprimer ma profonde gratitude à l’égard des nombreux invités qui ont assisté à l’atelier. Celui-ci a suscité énormément d’enthousiasme et d’intérêt, et souligné l’amour que les Français continuent de porter à la pellicule en raison de ses qualités extraordinaires. Si, comme nous tous, vous vous passionnez pour l’argentique et souhaitez vous en servir dans le cadre de votre prochaine production, nous sommes là pour vous aider. »

Dans le portfolio ci-dessous, quelques photos de plateau prises par Alfredo Altamirano.