Jean-Jacques Bouhon, une étoile et un roc

Par Michel Sibra, réalisateur

La Lettre AFC n°280

Jean-Jacques Bouhon. Une étoile brillante. Une queue de comète éblouissante. Il est allé rejoindre l’encre du ciel où il s’est éteint, pour toujours. Nous allons le regretter. Je vais le regretter.
Jean-Jacques Bouhon et Michel Sibra pendant les repérages de "La Soule", en 1989
Jean-Jacques Bouhon et Michel Sibra pendant les repérages de "La Soule", en 1989

Contre l’avis de la production, je l’avais imposé sur La Soule. Après quelques jours de tournage et le visionnage des rushes, plus personne ne s’était plaint de ce choix. Tous apprécièrent son calme, sa méticulosité, sa précision technique, son talent. Alors que la caméra tournait et que Noël Very, au Steadicam, criait « Taïaut ! Taïaut ! » à la poursuite d’une meute de Highlanders en kilt et armés de fusils Lee-Enfield à l’assaut d’un village "espagnol", Jean-Jacques modifiait encore le diaph d’un quart de poil, anticipant une fausse teinte. Preuve de son sens aigu de perfectionnisme.

Quelques temps plus tard, nous nous retrouvions en Russie et en Géorgie pendant les deux derniers mois de l’Union soviétique au moment de la crispation internationale de la Première Guerre du Golfe. Le tournage de Mafia rouge dans un pays économiquement ruiné, laisse encore aujourd’hui aux comédiens et techniciens de ce téléfilm un souvenir impérissable. Tous surent encore apprécier le calme de Jean-Jacques, sa générosité, son efficacité devant les innombrables et quotidiennes difficultés de production alors que l’équipe franco-géorgienne manquait de tout, même de nourriture. Jamais une plainte, jamais une protestation.

Jean-Jacques était un roc. Hélas, la maladie a fissuré son socle de stabilité et l’a fait vaciller.

Jean-Jacques, tu vas nous manquer. Tu vas me manquer.