Le directeur de la photographie Julien Meurice parle de son travail sur le clip d’Áesgir "Unbound"

Pour le clip d’Áesgir "Unbound", le directeur de la photographie Julien Meurice a choisi d’exploiter au plus proche du réel les nombreux décors choisis par le metteur en scène Julien Lassort.

Qu’est-ce qui fait, selon vous, qu’un clip est réussi ?

Julien Meurice : La recherche de l’ambiance à travers une direction artistique originale est devenue capitale sur les clips d’aujourd’hui. Parvenir, par exemple, à mélanger le style narratif du film avec la direction artistique de la publicité est une combinaison que beaucoup de réalisateurs utilisent. Sur "Unbound", Julien Lassort voulait parler de modernité, notamment à travers la réalité virtuelle, et mélanger tous ces différents personnages à travers chaque décor. Une sorte d’histoire virtuelle de personnages qui se transposent dans une suite visuelle et de jeu de perspective.

L’artiste, bien qu’absent du clip, est-il intervenu sur le plateau ?

JM : Il y a bien sûr des discussions avec l’artiste, mais sur ce projet – comme beaucoup d’autres où l’artiste n’est pas mis en scène à l’image –, tout se fait exclusivement en amont du tournage. Une fois le feu vert donné, on a en quelque sorte carte blanche sur le plateau sans la pression qu’on peut connaître parfois en publicité. Cette liberté est aussi liée au fait que de plus en plus de clips sont devenus des produits de développement pour les productions. En résumé, offrir à des réalisateurs les moyens de montrer ce qu’ils savent faire pour ensuite capitaliser sur d’autres projets. Les productions investissent pour compenser souvent la maigreur des budgets, et, du coup, les maisons de disques leur font en retour plutôt confiance.

Quels ont été les principaux défis de ce tournage ?

JM : Le film a été tourné sur deux jours et demi, avec quelques imprévus au départ. La séquence de la voiture sur la plage, par exemple, tournée en Normandie avec un drone, où la marée nous a pris de court et forcés à travailler dans l’urgence. C’est surtout sur le décor de la Défense (la chambre d’hôtel, l’extérieur nuit toit immeuble...) que le clip a réellement pris forme...
L’enjeu principal était que chaque décor soit mis en valeur visuellement. D’abord et souvent, à travers le regard du personnage, pour ensuite se reculer en plans larges et donner un maximum de sensations. La perspective devenait aussi importante dans le cadrage, et bien sûr il fallait veiller au raccord à l’image selon l’échelle de plans. Pour la chambre d’hôtel, par exemple, le décor n’était pas assez vaste pour obtenir un vrai plan large. On a opté pour un plan vu depuis un autre immeuble, à travers les vitres, ce qui marche assez bien.

Quels étaient vos choix en lumière ?

JM : J’aime toujours rester au plus proche du décor. Essayer en quelque sorte d’en faire le moins possible. Sur la chambre d’hôtel, par exemple, j’ai utilisé principalement les sources du décor, en me limitant à quelques rais de lumière sur le plafond pour rattraper un peu les visages ou les corps. De toute façon, la chambre étant dans les étages élevés avec des baies vitrées presque partout, il fallait que je me cale sur la lumière de la ville, qu’on voit en découverte, de façon à minimiser les réflexions et donner de la profondeur.

Quelle combinaison optiques-caméra avez-vous choisie ?

JM : On souhaitait tourner en anamorphique pour le coté film que j’évoquais, aussi j’ai choisi la combinaison Arri Alexa et Zeiss Master Anamorphics. J’avais envie d’une image contemporaine, précise, et surtout de pouvoir tourner à pleine ouverture si nécessaire sans trop pousser sur la sensibilité. Seuls les gros plans récurrents d’yeux ont été tournés en sphérique avec un objectif macro pour permettre d’atteindre l’échelle de plan désirée.

Clip produit pas Solar.


https://vimeo.com/242460591