Depuis l’ouverture du 78e Festival de Cannes, nous avons publié 62 entretiens écrits ou vidéo et textes, 31 en français et en 31 en anglais, dans lesquels des directrices et directeurs de la photographie - dont 13 membres de l’AFC - parlent de leur travail sur un film sélectionné dans l’une ou l’autre des sélections et sections. Voici réunis les liens permettant de lire ou relire et voir ou revoir chacun d’eux.
Joachim Trier nous avait offert, en 2021, l’émouvant Julie en 12 chapitres – chronique tournée dans la capitale norvégienne – pour lequel sa comédienne principale Renate Reinsve avait même remporté le prix d’interprétation cannois. Il revient en 2025 avec Sentimental Value (Valeur sentimentale), un film plus choral, dont le personnage central est une maison de famille. On y retrouve la même comédienne, accompagnée cette fois-ci par Stellan Skargärd, qui compose un émouvant cinéaste en fin de carrière tentant de monter financièrement son film testament. Les vétérans du Festival penseront forcément à Clint Eastwood dans Chasseur blanc, cœur noir (Cannes 1990), dont la trame n’est pas si éloignée de ce film. Kasper Tuxen, DFF, vient nous parler de ce film caustique et tendre sur le cinéma... et ceux qui le font. Le film a obtenu le Grand Prix au Festival de Cannes 2025. (FR)
Avec Die My Love, la cinéaste britannique Lynne Ramsay (Ratcatcher, We Need to Talk About Kevin) se lance dans un film audacieux visuellement sur le couple et son explosion après l’arrivée d’un enfant. Étonnamment inscrit dans une direction artistique d’un conte de Grimm baigné par des morceaux de rock’n’roll mixés très fort, cette histoire d’amour à la fois drôle, et sans filtre. Seamus McGarvey, ASC, BSC, ISC, vient nous parler de cette histoire d’amour et d’horreur aux nuits américaines splendides et mystérieuses... Die My Love était à Cannes en Compétition officielle. (FR)
Pour La Venue de l’avenir, son 15e long métrage, Cédric Klapisch, l’un des cinéastes français le plus aimé du grand public avec sept films à plus d’un million d’entrées, convoque un casting de haute voltige. Il conte - car oui, c’est un peu un conte – l’histoire d’une famille qui virevolte avec brio d’une époque à une autre pour aborder des thèmes chers au cinéaste : l’héritage et la transmission. Le directeur de la photographie Alexis Kavyrchine, qui a déjà accompagné Cédric Klapisch pour signer l’image de plusieurs de ses films - Ce qui nous lie, En corps -, élabore pour son dernier film une image toute en finesse pour caractériser tour à tour l’époque contemporaine et la fin du XIXe siècle. La Venue de l’avenir est projeté Hors compétition au 78e Festival de Cannes. (BB)
Avec L’Amour qu’il nous reste (Ástin sem eftir er), le cinéaste et artiste contemporain islandais Hlynur Pálmason propose une histoire très personnelle, tournée sur le long cours, en Islande. Ses propres enfants interprétant les rôles principaux, la plupart des décors étant trouvés dans les environs de chez lui. On y retrouve la grande force visuelle de ses films précédents (Godland, Into the White) mais dans un contexte narratif plus léger, à la limite du rêve, du merveilleux et de l’humour islandais au 3e degré. C’est aussi lui qui signe les images de ce film de famille doux amer tourné en 35 mm, remarqué Salle Debussy dans la section Cannes Première. (FR)
Avec Les Aigles de la République, le cinéaste suédois Tarik Saleh change de registre et offre un film en format Scope à plusieurs facettes. D’abord, une sorte de comédie dramatique mettant en scène une superstar de cinéma (Fares Fares, son acteur fétiche) et ses problèmes personnels, puis un thriller politique beaucoup plus noir au rebondissement assez inattendu. Pierre Aïm, AFC – qui avait déjà signé l’image de ses deux précédents films - le retrouve sur ce projet tourné sur 40 jours à Istanbul pour tricher la ville du Caire. (FR)
Hommage certain au néoréalisme italien et à son film le plus emblématique, Le Voleur de bicyclette, de Vittorio De Sica (1948), Lucky Lu est un film sur la vie des livreurs à deux roues, des métiers qui restent dans l’ombre de la ville. Prenant comme contexte la communauté chinoise new-yorkaise, le réalisateur canado-coréen Lloyd Lee Choi a eu la grande chance de pouvoir convaincre Chang Chen, immense star asiatique (Happy Together, de Wong Kar-wai, The Assassin, de Hou Hsiao-sien) d’interpréter le rôle principal. C’est Norm Li, CSC, qui filme cette implacable histoire d’enfermement dans le mensonge transposant les rues de Chinatown en une symphonie d’échafaudages et de dégradés de cyans. Le film est en sélection à la Quinzaine des Cinéastes. (FR)
Cette année, c’est le directeur de la photographie australien Dion Beebe, ACS, ASC, qui a été choisi par Angénieux pour recevoir l’hommage du même nom. Ayant été remarqué au côté de la cinéaste Jane Campion en 1999 avec Holy Smoke, sa carrière décolle surtout à Hollywood lors de sa collaboration avec Rob Marshall sur l’adaptation filmée de la comédie musicale Chicago. S’en suivent alors Collateral, de Michael Mann, en 2004, et plusieurs très grosses productions comme Memoirs of a Geisha, de Rob Marshall, ou Edge of Tomorrow, de Doug Liman (2014). Il vient nous parler de son métier, de ce que la révolution du numérique a signifié pour lui et des zooms... Angénieux bien sûr ! (FR)
Eunsoo Cho est la jeune directrice de la photographie sud-coréenne lauréate du Prix d’Encouragement Angénieux 2025. Cette native de Séoul a fait une partie de ses études à la Korean University of Arts, pour ensuite partir aux USA et compléter sa formation à Los Angeles à la prestigieuse USC. C’est là-bas qu’elle commence réellement à travailler sur de nombreux projets (clips, courts métrages, et bientôt longs) accumulant près de neuf ans d’expérience du plateau, notamment avec son camarade d’études Christopher Makoto Yogi pour lequel elle a tourné deux longs métrages indépendants.
Les Filles désir, de Prïncia Car, est sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes, après Eat the Night, de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, qui y était projeté en 2024. Son chef opérateur, Raphaël Vandenbussche, nous parle de son tournage.
Romería est le troisième film de la réalisatrice catalane Carla Simón. Son film précédent, Nos soleils (Alcarràz), a obtenu l’Ours d’or à Berlin en 2022. Avec Romería, la réalisatrice reprend le thème familial déjà exploré dans ses précédents longs métrages mais cette fois-ci pour évoquer la relation entre ses parents biologiques alors qu’elle ne les a jamais connus. C’est la cheffe opératrice Hélène Louvart, AFC, qui signe l’image de ce film très personnel et important pour Carla Simón. Au-delà de l’accompagnement sur l’aspect aussi bien narratif qu’artistique d’Hélène Louvart, leur collaboration s’est appuyée sur une amitié développée depuis plusieurs années. Romería est en Compétition officielle de la 78e édition du Festival de Cannes. (BB)
Après Aquarius et Bacurau, le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho revient en compétition cannoise avec O Agente Secreto (L’Agent secret), un film d’époque qui emprunte beaucoup aux codes du film de série B des années 1970. CinémaScope, zooms, split-screens s’invitent dans cette histoire de tueur à gages mise en image par Evgenia Alexandrova, AFC... Retour sur ce tournage à Recife, la ville fétiche du cinéaste et cinéphile brésilien. (FR)
Ce film est ma première collaboration avec Scarlett Johansson, qui réalisait son premier long métrage. Nous nous sommes rencontrées avec des discussions très instructives autour du scénario, de ses intentions, de la manière envisagée pour filmer, et surtout de l’organisation du tournage. Les acteurs devaient pouvoir ressentir une certaine liberté, il fallait éviter de se diriger vers un plateau trop lourd techniquement parlant. L’actrice principale, June Squibb, avait 94 ans, c’était donc à nous de s’adapter à elle, plutôt que l’inverse, dans la mesure du possible…
La société de production Why Not, grande fidèle des films d’auteurs et révélatrice de nombreux réalisateurs français (Arnaud Desplechin, Xavier Beauvois, Jacques Audiard, Bruno Podalydès, entre autres) s’est lancée dans la production de films à petit budget (1 million d’euros) avec la contrainte de quatre semaines de tournage seulement mais ayant l’avantage de ne pas attendre de financement pour lancer la fabrication. C’est dans ce contexte que le film du comédien Thomas Ngijol, Indomptables, s’est tourné et c’est au directeur de la photographie Patrick Blossier, AFC, que les producteurs ont proposé d’embarquer sur ce tournage au Cameroun. L’expérience du chef opérateur depuis 1985 n’étant plus à prouver, ce dernier se lance dans ce défi pour accompagner le réalisateur à Yaoundé et tourner Indomptables, sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes de l’édition 2025 du festival de Cannes. (BB)
Accompagnant Antony Cordier depuis ses débuts avec Douche froide, sélectionné en 2005 à la Quinzaine des Réalisateurs, le directeur de la photographie Nicolas Gaurin, AFC, signe, avec Classe moyenne, une image froide et frontale à l’instar des personnages de cette comédie grinçante. Dans ce huis clos où l’on ne sait plus qui est le plus méchant ou le plus ignorant dans le lien avec autrui, surtout lorsque les différences de classes sociales sont au cœur des relations, nous suivons avec appétit – et Laurent Laffite cuisine bien ! - ces sept comédiens au caractère bien trempé. Avec Classe moyenne, Antony Cordier revient vingt ans plus tard à la Quinzaine des Cinéastes pour l’édition 2025 du Festival de Cannes. (BB)
Film sur le cinéma et sur son mystère, Nouvelle Vague, de Richard Linklater (Boyhood), est un voyage dans le temps qui nous téléporte littéralement à Paris en 1959. Fiction extrêmement documentée - et recréation méticuleuse du tournage d’À bout de souffle, un des films les plus influents du cinéma moderne -, ce film est en course pour la Palme d’or 2025. David Chambille nous explique comment le cinéaste américain lui a demandé de filmer "le contre-champ de ce que filmaient Godard et Coutard à l’époque"... (FR)
Avec une filiation évidente pour le cinéma de Mike Leigh et son exploration des laissés pour compte de la société britannique, le jeune comédien Harris Dickinson choisit, pour son premier film en tant que réalisateur, de suivre un jeune homme vivant dans la rue qui se bat pour tenter de s’en sortir. Mélangeant un aspect très documentaire où le téléobjectif est roi - ou bien des scènes ultra stylisées parfois très oniriques et colorées -, le film oscille entre ces deux formes diamétralement opposés. La directrice de la photographie Josée Deshaies, AFC, vient nous raconter ce premier tournage à Londres. Urchin est en sélection un Certain Regard à Cannes et concoure également pour la Caméra d’or... (FR)
Situé dans une sorte d’internat sportif dédié au Water Polo, le film de Charlie Polinger esquisse le portrait de jeunes garçons de 13 ans en pleine puberté. Travaillant beaucoup sa mise en scène et notamment les ambiances sonores autour de la piscine, le réalisateur a confié au directeur de la photographie Steven Breckon le soin de filmer en pellicule 35 mm ce conte bleu sombre sur la différence. The Plague est en compétition dans la section Un certain regard... (FR)