Festival de Cannes 2025

Les entretiens au Festival de Cannes 2025

Pauline Doméjean parle de son travail à l’image sur "No Skate !", court métrage de Guil Sela

Pauline Doméjean, issue du département Image de La Fémis en 2020, a photographié le court métrage No Skate !, de Guil Sela, présenté à la 64e Semaine de la Critique et projeté en Séance spéciale Courts métrages. La directrice de la photographie parle de son travail à l’image sur cette comédie au contexte politique présent dans les marges de l’histoire.

Mauro Herce, AEC, nous expose ses choix pour le tournage de "Mauro Herce, AEC, explains his choices for the filming of "Sirât", d’Oliver Laxe
"Quand t’es dans le désert (depuis trop longtemps)", par François Reumont pour l’AFC

Road movie dans le désert proche de l’apocalypse, Sirât, du cinéaste franco-espagnol Oliver Laxe (Viendra le feu, Mimosas...), est un film où les paysages créent la trame, matérialisant à l’écran le voyage de Louis (Sergi Lopez) et de son jeune fils Esteban à la recherche de sa sœur, plus âgée qui a disparue dans la région. Inscrit dans le contexte des raves parties, le film prend rapidement la forme d’une errance très libre qui évoque le Zabriskie Point, de Michelangelo Antonioni de la grande époque des hippies et du LSD. Le directeur de la photographie espagnol Mauro Herce, AEC, vient nous expliquer les enjeux de ce périple entre sable et rochers tourné au Maroc et en Espagne, son troisième long métrage avec ce réalisateur. Sirat est en compétition pour la Palme d’or 2025. (FR)

Brice Pancot, AFC, parle de son travail photographique sur le huis clos du "Roi Soleil", de Vincent Maël Cardona
"Le chien de l’allée du réservoir", par François Reumont pour l’AFC

A la fois film labyrinthe et laboratoire scénaristique, Le Roi Soleil, de Vincent Maël Cardona, est un bien étrange objet de cinéma. On y rentre, on y suit parfois de fausses pistes pour mieux revenir en arrière et se laisser emporter dans une sorte de conte en huis clos parfois surréaliste qui invoque à la fois les pièces de Luigi Pirandello ou le cinéma de genre asiatique. C’est Brice Pancot, AFC, qui s’est chargé de filmer cette histoire où une très rigoureuse gestion spatio-temporelle de l’intrigue a dû être mise en place... (FR)

Jacques Girault parle des enjeux visuels du film d’Alice Douard, "Des preuves d’amour"
Par Margot Cavret pour l’AFC

Dans Des preuves d’amour, d’Alice Douard, présenté à la Semaine de la Critique, Ella Rumpf incarne une jeune femme dont l’épouse est enceinte de leur futur enfant. Femme, future mère, mais sans être enceinte, dans un 2014 qui vient tout juste de voir naître la loi autorisant le mariage homosexuel, elle tente de collecter des "preuves d’amour", des témoignages de ses proches qui lui permettront d’adopter légalement son enfant. Tout en affrontant les doutes et les inquiétudes de n’importe quel futur parent, elle doit en plus surmonter les jugements, et renouer avec sa mère, incarnée par Noémie Lvovsky, dont le témoignage sera crucial. Pour accompagner ce sujet inédit en intime, et lui apporter toute la justesse, la sensibilité et l’originalité qu’il nécessite, le chef opérateur Jacques Girault nous raconte ses choix visuels, de la préparation au tournage. (MC)

Arnaud Guez revient sur les choix techniques et esthétiques pour "La Danse des renards", de Valéry Carnoy
"Wild foxes", par François Reumont pour l’AFC

Avec La Danse des renards, Valéry Carnoy propose une histoire d’amitié entre deux jeunes garçons sur fond d’études sportives et de compétition. Un premier film sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes où le réel et l’allégorie s’entrecroisent, la vie de ces jeunes internes étant partagée entre le centre d’entraînement et une forêt adjacente. C’est Arnaud Guez, diplômé de l’Insas, qui signe les images de ce film de boxe où finalement très peu de combats sont portés à l’écran... (FR)

Simon Beaufils revient sur le tournage de "Que ma volonté soit faite", de Julia Kowalski
Par Brigitte Barbier pour l’AFC

Que ma volonté soit faite, réalisé par Julia Kowalski, d’origine polonaise, servi par un casting majoritairement polonais, est tourné en Vendée. La réalisatrice revisite les thèmes de l’exorcisme et des forces obscures encore très présents en Pologne et propose une certaine résonance avec son film précédent, J’ai vu le visage du diable. C’est pour son premier long métrage, Crache cœur, que le directeur de la photographie Simon Beaufils l’accompagne pour signer l’image. Cette collaboration se poursuit sur ses films suivants et il revient sur ce tournage en petite équipe et sur pellicule pour ce dernier long métrage, Que ma volonté soit faite, sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes de l’édition 2025 du Festival de Cannes. (BB)

Marine Atlan, cheffe opératrice, et Pierre Mazoyer, étalonneuse, nous parlent de "L’Engloutie", de Louise Hémon
Par Hélène de Roux pour l’AFC

Telle une incarnation des Lumières et d’une émancipation féminine précoce, la résolue et laïque Aimée (Galatea Belluggi) installe ses livres et son planisphère dans une étable qui servira d’école, au creux d’un vallon alpin encerclé par les pentes et l’ombre des sapins. Accueillie froidement par les quelques familles locales dont seuls les plus jeunes parlent français, la jeune institutrice fait face à l’obscurité, littérale et métaphorique, mais fait aussi l’expérience brûlante d’une sensualité à la fois prolongement de la Raison et porteuse de malédiction. Filmé sur huit semaines d’hiver par Marine Atlan dans un ratio 1,33 favorisant les portraits comme les cimes, ce conte cruel à la Maupassant fait ressentir l’évolution physique et mentale d’Aimée au plus près des peaux et des flammes, avec toute la rigueur et l’évidence d’un film qui a trouvé son langage. 
(HdR)

Jonathan Ricquebourg, AFC, nous parle du tournage de "L’Aventura", de Sophie Letourneur
Par Brigitte Barbier pour l’AFC

C’est Sophie Letourneur qui ouvrira le bal de l’ACID 2025 – Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion –, l’une des plus jeunes sections parallèles du Festival de Cannes. Pour L’Aventura, et comme pour son film précédent Voyages en Italie, la réalisatrice partage l’affiche avec Philippe Katerine. Cette douce et parfois rugueuse comédie placée sous le signe du road trip en famille est filmée par Jonathan Ricquebourg, AFC, qui avait déjà tourné avec Sophie Letourneur pour Voyage en Italie. S’imprégnant du réel, la réalisatrice crée une narration sans frontière entre le vécu et la fiction et donne un ton très personnel et intime au film. Jonathan Ricquebourg partage ici son expérience d’un tournage qui a fonctionné « comme une troupe de théâtre ». (BB)

Sam du Pon, NSC, revient sur ses choix techniques pour mettre en images "Rietland", de Sven Bresser
"La vie de Johan", par François Reumont pour l’AFC

Avec Rietland (Reedland), le cinéaste néerlandais Sven Bresser signe un premier film antidramatique, profondément ancré dans un paysage et une tradition méconnue qui se perd peu à peu, celle de la culture des roseaux au nord des Pays-Bas. A la fois conte ésotérique et récit social campagnard, le film évolue dans ce décor rural un peu hors du temps dans un dégradé de beige et de bruns. L’image en 16 mm format 2,4 évoquant par sa texture le cinéma de Carlos Reygadas ou par son ancrage avec un territoire celui de Bruno Dumont. C’est Sam du Pon, NSC, qui signe la lumière et les cadres de ce film singulier, en compétition à la Semaine de la Critique. (FR)

Jeanne Lapoirie, AFC, parle de son travail sur "Enzo", un film de Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo
Par Pascale Marin, AFC

Laurent Cantet et Robin Campillo se sont rencontrés à l’IDHEC, Robin a été le co-scénariste et le monteur de Laurent sur la plupart de ses films, toute une vie de collaboration. Sachant que la maladie rattrapait Laurent, ils ont décidé de coréaliser Enzo. Le tournage du film qui devait initialement avoir lieu en septembre a été avancé au mois de juin, mais Laurent est décédé à la fin du mois d’avril. Jeanne Lapoirie, AFC, a signé l’image de tous les films de Robin Campillo, Les Revenants (2004), Eastern Boys (2013), Prix Orizzonti du meilleur film Venise, 120 battements par minute (2017), Grand Prix du Festival de Cannes, L’Île rouge (2023). Enzo est leur cinquième collaboration. Le film est présenté en ouverture de la Quinzaine des Cinéastes. (PM)

Frédéric Noirhomme, SBC, évoque le tournage de "L’Intérêt d’Adam", de Laura Wandel
"La réalité avec les outils de la fiction", par François Reumont pour l’AFC

Dans une forme narrative ultra réaliste qui ne peut qu’évoquer celle des maîtres du cinéma belge francophone, et à leur première Palme d’or en 1999 (Rosetta, porté par la regrettée Émilie Dequenne), Laura Wandel emmène le spectateur dans un quasi huis clos en temps réel au cœur du service pédiatrique d’un hôpital. Suivant l’infirmière en chef interprétée par Léa Drucker, on s’enfonce peu à peu dans l’intrigue et dans les liens qu’elle va nouer avec une mère en situation de détresse et son enfant de quatre ans. C’est Frédéric Noirhomme, SBC, qui, du haut de son 1,86 m, s’est chargé de filmer en caméra portée cette plongée en apnée dans le milieu hospitalier de nos voisins belges qu’on sent tout aussi débordé et en souffrance que le nôtre... L’Intérêt d’Adam fait donc l’ouverture en séance spéciale de la Semaine de la Critique 2025. (FR)

David Cailley, AFC, accompagne à l’image "Partir un jour", d’Amélie Bonnin
Par Margot Cavret pour l’AFC

Pour accompagner l’ouverture du Festival de Cannes 2025, le premier long métrage d’Amélie Bonnin, Partir un jour, a été projeté mardi 13 mai à Cannes et dans tout un faisceau de salles partout en France. Pour cette adaptation en long métrage de son court métrage du même nom de 2021, la réalisatrice s’est entourée du même casting et de la même équipe technique, dont David Cailley, AFC, à la photographie. Bien loin des codes de la comédie musicale, le chef opérateur et la réalisatrice cherchent ici une image naturaliste, proche du documentaire, pour accompagner ce film sensible, drôle et émouvant, parlant de retour aux sources, d’héritage parental et de premier amour. (MC)