Le directeur de la photographie Edmond Richard, AFC, nous a quittés

La Lettre AFC n°289

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Nous venons d’apprendre avec tristesse le décès du directeur de la photographie Edmond Richard, membre de l’AFC, survenu à Paris mardi 5 juin 2018, à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Avec plus de cinquante films à son actif en cinquante ans de carrière, il aura partagé les univers visuels de cinéastes aussi différents que Marcel Carné, René Clément, Henri Verneuil, Jean Girault, Guy Casaril, Sébastien Japrisot, Robert Hossein, Gérad Pirès, sans oublier Orson Welles, Luis Buñuel et Jean-Pierre Mocky, auquel il sera resté fidèle pour une vingtaine de ses films.

Né le 6 janvier 1927 à Paris, après des études de mathématiques et un diplôme d’ingénieur en aéronautique, Edmond Richard entre, en 1947, aux Etablissements André Debrie, rue Saint-Maur à Paris, où on lui propose de mettre sur pied un laboratoire de recherche sur les fluides et la sensitométrie. A partir de 1951, il travaille pour André Coutant et participe avec lui à la conception du Caméflex, la caméra emblématique d’Eclair ; ensemble, ils mettent au point le Sensitoflex, une espèce de spotmètre avant la lettre.
Fin des années 1950, début des années 1960, il travaille, dans le cadre d’accords de coproduction à Zagreb, comme opérateur d’effets spéciaux image et conseiller technique et artistique pour la couleur. C’est là, en 1961, qu’il fait la connaissance d’Orson Welles, en repérages en Yougoslavie pour Le Procès, film que le réalisateur lui proposera de mettre en images en lui donnant sa première chance d’entamer la carrière de directeur de la photographie qu’on lui connaît.

Edmond Richard, en 2001 - Photo Sylvie Biscioni - <i>En lumière - Les directeurs de la photographie</i>
Edmond Richard, en 2001
Photo Sylvie Biscioni - En lumière - Les directeurs de la photographie

Entre autres domaines d’innovation et de recherche dont Edmond avait non seulement le secret mais aussi la passion, on lui doit l’élaboration de la ligne de produits de maquillage professionnels Visiora, sous la marque Christian Dior en octobre 1987, la mise au point, dans les années 1980, du format de prise de vues Super Split - utilisant le film 35 mm sur deux perfos pour former une image au rapport 1,85:1, qui était ensuite agrandie par tirage optique sur 35 mm quatre perfos (une sorte de Super 16 sur 35 mm) - et l’expérience des prémices de la télévision haute définition en France, à la fin des années 1980, avec une caméra mise au point par Thomson.

Entres autres distinctions, il est nommé officier de l’Ordre des Arts et des Lettres, en 1979, et, concernant plus particulièrement l’image, nommé au César de la Meilleure photo, en 1983, pour Les Misérables, de Robert Hossein. En 2010, le Prix Henri-Langlois lui est décerné par les Rencontres internationales du cinéma de patrimoine, qui se tiennent à Vincennes.

Edmond a été président de la Commission Prise de vues et vice-président de la Commission supérieure technique de l’image et du son (CST) et membre actif de la "Society of Motion Picture and Television Engineers" (SMPTE).
En 1990, il est l’un des membres fondateur de l’AFC et, faisant partie de conseil d’administration de l’association de sa création à 1994, il en est l’un des vice-présidents de 1991 à 1993.

Les directrices et directeurs de la photographie de l’AFC présentent à sa famille – son fils Patrick, sa fille Dominique, sa petite-fille, ses arrière-petits-enfants – leurs très sincères condoléances.

Lire les témoignages suivants :
- "Pour Edmond Richard", par Pierre-William Glenn, AFC
- "Tchin-tchin, Edmond !", par Jean-Noël Ferragut, AFC
- "Edmond Richard, un chef opérateur avec qui j’ai beaucoup aimé travailler", par Bruno Patin
- "Edmond Richard, un grand technicien, un homme simple", par Philippe Tourret
- "Edmond Richard, le mariage entre l’artistique et la technique pour le spectacle cinématographique", par Jean-Louis Fournier
- "Edmond Richard et les prémices de la vidéo HD", par Bernard Tichit.