Décès du directeur de la photographie Jean-Jacques Bouhon, AFC

La Lettre AFC n°279

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Les directeurs de la photographie de l’AFC ont la profonde tristesse de faire part du décès de leur confrère et ami Jean-Jacques Bouhon, AFC, survenu mercredi 27 septembre 2017 des suites d’une grave maladie, à l’âge de soixante-dix ans. A côté de son travail photographique – du cadre de 3 hommes et un couffin, de Coline Serreau, aux images de La Vérité si je mens, de Thomas Gilou, en passant par celles de Lune froide, de Patrick Bouchitey, ou de La Soule, de Michel Sibra –, et de ses grandes qualités humaines, Jean-Jacques aura beaucoup œuvré au sein de notre association, du département Image de La fémis et de la CST.

Né en septembre 1947, et après s’être tourné dans un premier temps vers les sciences économiques, Jean-Jacques Bouhon entre à l’Ecole de la rue de Vaugirard, en 1968, pour y étudier la prise de vues de cinéma. Son BTS en poche, il assiste Roger Fellous pendant quelques années tout en débutant en tant que chef opérateur sur les courts ou moyens métrages de Bruno Decharme, Jean-Yves Carrée, Thomas Gilou, Olivier Esmein ou Gérard Frot-Coutaz.
En 1981, Jean-Noël Ferragut lui propose de passer au cadre sur Le Jardinier, de Jean-Pierre Sentier, qui sera suivi de cinq autres films comme cadreur, le plus connu d’entre eux étant 3 hommes et un couffin, de Coline Serreau, photographié par Jean-Yves Escoffier, en 1985. L’année suivante, Beau temps mais orageux en fin de journée, de Gérard Frot-Coutaz, sera le premier long métrage qu’il signera à la photographie.

Viendront ensuite des films tels que La Soule, de Michel Sibra, en 1989, Lune froide, de Patrick Bouchitey – court métrage de 1988 devenu long métrage en 1991 (dont l’image noir et blanc, tout en contraste et nuances de gris, restera en mémoire) –, Méchant garçon, de Charles Gassot, en 1991, Waati, de Souleymane Cissé, cophotographié par Vincenzo Marano et Georgy Rerberg, en 1995, Raï, en 1994, et La Vérité si je mens !, en 1996, de Thomas Gilou, L’Extraordinaire destin de Madame Brouette, de Moussa Sene Absa, en 2002, ou encore Nocturnes, d’Henry Colomer, en 2006.

Outre les longs métrages, Jean-Jacques Bouhon a photographié une dizaine de fictions TV, telles que Mafia rouge, de Michel Sibra, en 1990, Maison de famille, de Serge Moati, en 1998, ou le film musical Le Rossignol, d’après Igor Stravinsky, de Christian Chaudet, en 2005, ainsi qu’un grand nombre de films publicitaires et une vingtaine de documentaires depuis le début des années 2000, comme Peau d’âme ou ceux sur la grotte Chauvet, de Pierre Oscar Levy, ou Pasolini, La passion de Rome, d’Alain Bergala, en 2014.
Ayant un intérêt tout particulier pour le théâtre et l’opéra, il a réalisé les créations lumière d’une trentaine de spectacles, dont ceux de Benno Besson – à la Comédie de Genève –, Gilles Guillot, Jorge Lavelli, Pierre-Olivier Scotto ou Pierre Auffrey, pour ne nommer que ces fidèles metteurs en scène.

Jean-Jacques Bouhon à l’AFC
Membre actif de l’AFC depuis 1993 et pilier historique, Jean-Jacques a fait partie du conseil d’administration de l’association en tant que secrétaire en 1996 et 1997, puis de 2000 à 2002 ; il a été secrétaire général de 2003 à 2005 et élu président en 2006. Depuis son entrée à l’AFC et hormis ces tâches administratives, il s’est particulièrement investi dans nombre de ses activités. A titre d’exemple, la Lettre et le site Internet à leurs débuts, des essais de négatives particulièrement appréciés, des essais d’une des toutes premières caméras numériques, la Thomson Viper, les premiers Cahiers de l’AFC, au milieu des années 1990, et leurs successeurs, à partir de 2006.
Sa présence dans la cabine de projection lors du Micro Salon aura manifestement aidé à élever la qualité des images projetées à son plus haut niveau. Sa curiosité envers le travail de ses pairs et son plaisir d’en parler avec eux ne lui faisaient rater sous aucun prétexte nos projections d’avant-première.
Depuis sa prise de fonction auprès de Pierre-William Glenn à la direction du département Image de La fémis, qui occupait la majeure partie de son temps, Jean-Jacques était moins présent parmi nous mais toujours à l’écoute et d’un bon conseil si besoin.

Entre émotion et tristesse, celles et ceux qui ont croisé ses multiples chemins garderont de Jean-Jacques le souvenir d’un être à la fois aimable, simple, disponible, bienveillant, raffiné, rigoureux, touchant, intègre, souriant, chaleureux, pour ne citer que quelques-uns des termes exprimant ses nombreuses qualités.

L’AFC, ses directrices et directeurs de la photographie transmettent à sa famille – Fukiko, Mathilde et Chloé – ainsi qu’à ses proches leurs pensées les plus amicales.