Les Émotifs anonymes

C’est une comédie sur la timidité d’un genre singulier, puisque c’est à partir de sa propre expérience de grand timide que Jean-Pierre Améris a construit son film.
Tout comme les " Alcooliques anonymes ", les grands timides se sont en effet groupés en une association, les " Emotifs anonymes ", et se réunissent périodiquement pour tâcher de s’entraider à dépasser leurs blocages par confessions mutuelles et programmes d’épreuves. Jean-Pierre Améris a fait partie de cette association.

Aussi, dans le film, on ne rit pas aux dépens des timides, mais on rit de la cocasserie des situations que leur timidité crée, et puis aussi, on souffre avec eux... Tout cela donne un cocktail assez étonnant où l’humour se mêle intimement à l’émotion.
Pour Jean-Pierre Améris, les émotifs voient le monde comme un « petit théâtre, une scène sur laquelle ils doivent monter pour jouer tout en étant convaincus qu’ils ne seront pas capables de tenir leur rôle. Rien n’est banal pour eux, décrocher un téléphone, entrer dans un restaurant bondé, aborder quelqu’un, tout leur est épreuve insurmontable. Du coup, ils interprètent le monde avec une sorte de poésie, de décalage, un peu comme des enfants ».

Pour installer cette métaphore de petit théâtre, ce décalage, Jean-Pierre Améris voulait un univers visuel intemporel, une ambiance de fable, un peu enluminée, plus proche de références anglo-saxonnes que françaises. Cinéphile mais aussi grand dévoreur de films en tout genre, Jean-Pierre avait, de The Shop Around the Corner à Pretty Woman en passant par La Mélodie du bonheur et Hitchcock, une très large palette de références !
Dans les beaux décors colorés de Sylvie Olivé, un peu désuets, fleurant bon les souvenirs d’enfance, j’ai donc essayé d’apporter ma part à ce " petit théâtre " : lumières douces et dorées, arrières-plans scintillants, sources lumineuses dans le champ, ambiances chaleureuses...

Tournage à Lyon (dans les décors d’enfance de Jean-Pierre Améris) et Paris sous la direction d’un réalisateur grand timide peut-être, mais enthousiaste, sûr de ce qu’il veut, et qui pratique à l’égard de sa propre émotivité un humour ravageur qui fait tout le sel du film. Voir, sur le dépoli de la caméra, Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde se frôler, se chercher, rosir, blêmir, se prendre, se déprendre, bredouiller et s’aimer enfin a été un des grands plaisirs de mon travail d’opérateur sur ce film...
Pour la suite, et si j’en crois ce que j’ai lu dans les récents mails du " dialogue actif ", j’ai été très favorisé : j’ai pu effectuer une postproduction complète (et rémunérée...) avec des collaborateurs particulièrement impliqués (Christian Dutac pour l’argentique et Natacha Louis pour le numérique), un réalisateur complice et, fait rarissime désormais, un directeur de production (Beaudouin Capet) qui a suivi le film de la préparation à la première copie 35 !

Merci à toute l’équipe aimable et talentueuse de ce film, et à Jean-Pierre Améris dont la belle humanité nous venge un peu des petits génies irascibles et despotes qui font des films interminables où ils prétendent défendre " la dignité humaine " tout en foulant du pied celle de leurs collaborateurs.

Équipe

Premier assistant opérateur : Gilles Guillard
Chef électricien : Patrick Rebatel
Chef machiniste : Raphaël Jourdan
Etalonneur photochimique : Christian Dutac
Etalonneuse numérique : Natacha Louis)

Technique

Pellicules : Fuji F 64D et Eterna 250 D, Eterna 500 T
Matériel caméra : TSF Caméra, Moviecam Compact MK2
3 perf 2,35,
série d’objectifs Cooke S4 et zoom Angénieux Optimo 24-290 mm
Matériel lumière : Transpalux
Matériel machinerie : TSF Grip
Laboratoire : LTC
Gonflage numérique : Duboi-Scanlab