Texte d’Alain Corneau lu en ouverture des 4es journées Répertoire-Patrimoine qui se sont tenues les 31 mars et 1er avril 2005 à La fémis.
Je suis de la race des " cinéastes-cinéphiles " ou, selon les moments, des " cinéphiles-cinéastes ". Je suis également d’une génération qui a grandi sous le soleil magique du faisceau des projecteurs, dans l’obscurité bénie d’une multitude de salles de cinéma qui, dans ma mémoire, n’enforme qu’une seule.
Il y a trois mois environ, dans un billet de la Lettre de février, Agnès Godard interrogeait la cantonade sur l’éventualité de me proposer de " m’occuper " de la Lettre plutôt que d’engager pour cela une personne " spécialisée ". « Au moins », écrivais-tu Agnès, « me demander si cela me conviendrait »...
La rubrique remue-méninges commence à prendre consistance et à voler de ses propres ailes. Trois textes viennent ce mois-ci l’enrichir. L’un d’entre eux mérite un mea culpa. Le mois dernier, Charlie Van Damme avait pris la peine de rédiger une NDLR pour nous permettre, en rappelant quelques informations basiques, de mieux digérer le Repas de tournage de Diane Baratier et de comprendre l’origine des gargouillis émis par certains projecteurs. Cette note devait prendre place dans ladite rubrique, mais cela n’a pas été fait, par omission. Aucune excuse, si ce n’est une légère surchauffe neuronale due à la préparation du Micro Salon...
Au premier siècle, Pline l’ancien, prenant sa plume pour écrire ce qui sera la première histoire de l’Art de notre ère, notait avec quelque amertume que les images n’étaient plus ce qu’elles avaient été, et que celles qu’on voyait maintenant étaient beaucoup moins " ressemblantes ". Quelles étaient ces images si ressemblantes qu’il semblait regretter ?
Commençons par ce qu’il y a de pire : les gradateurs ou jeux d’orgue. Un filament tungstène et bobiné sur lui-même, un peu comme un ressort. Une sorte de self donc (mais sans entrefer, heureusement) qui par définition s’oppose au variations de tension . Alimenté en courant alternatif à la tension nominale, c’est miracle qu’on n’entende rien.
Forcément, je ne pouvais rester sans réaction à l’article de Diane Baratier rapportant les propos informels de l’ingénieur du son Jean Umansky. D’abord, il y a la réaction épidermique qui ne se contrôle pas : on attaque les fabricants de projecteurs (dont nous, K5600) et on cite un Joker 400 (donc nous, K5600). Je frôle la parano, je rentre chez moi le soir et je me dis que, finalement, un bon verre de vin vaut bien mieux que toute cette polémique.
En ce moment, je suis sur le film de Charles Belmont. Aujourd’hui, à midi, le sujet lancé à table tourne autour des nuisances sonores dues aux nouvelles gammes de projecteurs. La conversation est entre Jean Umansky, ingé son, Cafer Ilhan, chef électro et David Grinberg, assistant caméra. Avec délectation, j’écoute pour mieux comprendre : depuis quelques films, je me demande pourquoi les micros ne sont jamais satisfaits des limites du cadre. Alors qu’ils sont de plus en plus performants !
C’est un livre autobiographique. Fabienne Verdier part pour la Chine dans les années 1980 étudier la peinture traditionnelle chinoise. Elle se retrouve dans une université du Sichuan, province à l’Ouest de la Chine. Mise à l’écart dès le début, elle parvient à rencontrer un des derniers calligraphes, survivant de la Révolution Culturelle, Maître Huang. Les lignes qui suivent m’ont semblé s’adresser à l’image d’un film.
En vue d’un tournage prochain, je m’apprêtais, il y a peu, à acheter le Kodak Look Manager System que j’avais testé il y a quelques mois (voir Lettre de l’AFC de décembre) quand j’ai découvert son prix, 1 000 dollars US ! (...)
Nous disposons d’objectifs aux performances fabuleuses, quel bonheur ! Nous disposons aussi de séries de filtres très complètes de toutes les couleurs, de toutes natures. Chouette ! J’en ai recensé pas moins de cinquante dans le catalogue d’Alga. Mais pourquoi diable ne sont-ils pas traités anti-reflets ? (...)
Janvier1945. J’ai cinq ans. Libération du camp d’Auschwitz. Ma cousine Denise, rescapée de l’holocauste, rentre avec un moignon à la place d’un pied. Il fut gelé par le froid, la neige, la glace de l’hiver au camp d’Auschwitz. 42, boulevard Chave à Marseille. Elle habite au quatrième étage, nous emménageons au premier.
Il y a un an, j’étais convié à participer à un colloque universitaire à Jussieu autour du thème " Masques et Lumière ". Je leur ai proposé ce texte, l’idée étant de ramener les considérations de l’aimable assemblée à des choses un peu plus concrètes, premières. Etant donné le contexte de départ, soyez indulgents pour la forme un peu trop didactique à mon goût. N’hésitez pas à prendre la balle au bond et de vous emparer de vos stylos, ce serait dommage que " Remue-méninges " devienne " La Rubrique à Charlie " !
Je me suis souvenu qu’au siècle dernier, il y avait des relations suivies entre nous et le labo. L’étalonneur était notre interlocuteur privilégié, il nous secondait du tournage à la postproduction, nous avions régulièrement une petite fête : la projection de nos images sur une vraie toile.
La direction de l’école a été interpellée par le billet de Jean-Noël Ferragut dans le précédent numéro de la Lettre de l’AFC. Cela est bien, cela est sain, car ce billet m’amène non pas à réagir mais à tenter de mieux faire partager les enjeux de notre développement à des professionnels qui ont toujours marqué leur attachement à l’institution que j’ai l’honneur de diriger depuis près de trois ans. Comme toute la profession, Louis-Lumière, qui participe avec d’autres à l’acte de formation, est traversée par de multiples interrogations.
Décidément on nous gâte : nous voilà confronté à pas moins de quatre prototypes de caméras numériques très haut de gamme qui préfigurent sans doute le cinéma de demain. La Viper, la Genesis, la D 20, l’Origin. J’en oublie peut-être. Des systèmes assez lourds et franchement onéreux dont l’usage ne sera envisageable que sur des productions solidement financées. Parallèlement au développement de ces appareils, les labos font des efforts considérables pour anticiper sur les développements à venir ou tout simplement ne pas rester à la traîne.
C’était il y a moins d’un an. Une bonne nouvelle, et par ailleurs excellente initiative, nous parvient de l’AEVLL (Association des anciens élèves de Vaugirard - Louis-Lumière). Quelques membres actifs de cette association, dont son président Gilles Flourens, instaurent, de conserve avec la direction de l’Ecole, un système de parrainage entre anciens et étudiants de deuxième année, du moins ceux qui, de part et d’autre, en ont manifesté l’envie.
L’AFC a organisé, récemment, la présentation d’une nouvelle caméra, la Genesis. Son nom provient de genèse, la création. Est-ce que ce choix veut dire que la Genesis est une création ? C’est peut-être le point de vue des industriels qui l’ont mise sur le marché, mais je ne pense pas que ce soit celui des opérateurs qui vont devoir l’utiliser.
Quand nous sommes sortis de la salle de cinéma, nous avons gentiment remercié nos hôtes, Annick et Christophe de Fujifilm, qui nous avaient conviés à une séance de 2046, de Wong Kar-wai, à l’UGC Bercy. C’est en effet Christophe, comme tenait à le préciser Annick, qui a lancé l’idée de " spammer " ses contacts avec cette invitation autour d’un film tourné en Fuji et d’un déjeuner pour prolonger cet instant.